Talibans afghans: après la chute de Kunduz, l'armée contre-attaque

En Afghanistan, 24 heures après la prise, par plusieurs centaines de combattants talibans, de la ville clé de Kunduz, dans le nord du pays, de violents combats se poursuivent sur place ce mardi 29 septembre 2015. Les renforts arrivés ce mardi ont permis aux militaires afghans de lancer une contre-offensive. Ils sont soutenus par l'aviation américaine, qui a mené des frappes dans les faubourgs de la ville.

Lundi en fin de journée, le drapeau taliban flottait un peu partout dans Kunduz jusque sur la place principale de la ville. Les rues, de leur côté, étaient largement désertées et abandonnées aux combattants. Rapidement, les insurgés ont fermé les différents accès de la ville, prenant au piège les civils qui n'avaient pas fui Kunduz plus tôt. Outre des scènes de pillage, des commissariats ont été brûlés.

Mais 24 heures plus tard, pour le ministère de la Défense afghan, il n'y a aucun doute : la reprise de Kunduz sera rapide. La contre-offensive a été lancée ce mardi matin après une nuit passée à l'aéroport en attendant les renforts. Grâce aux troupes au sol et au soutien de l'aviation américaine, les forces gouvernementales ont déjà repris le siège de la police provinciale ainsi que la prison de la ville, vidée la veille de ses centaines de prisonniers par les talibans.

Une première pour les talibans

Selon la police, l'armée était en train, ce mardi à la mi-journée, de reprendre la plupart des sites stratégiques de la ville. Mais des témoins racontaient alors que l'hôpital, la banque centrale et d'autres bâtiments administratifs, se trouvaient toujours aux mains des talibans, qui patrouillaient à bord de véhicules pris à l'armée, à la police et aux ONG occidentales.

D'autres sources indiquent que le nombre de combattants islamistes s'est accru ce mardi matin dans Kunduz et que des mines ont été posées sur certaines voies d'accès à la ville. Le nouveau leader des talibans, le mollah Mansour, a pour sa part appelé Kaboul à reconnaître sa défaite. Il faut dire que cette prise est un camouflet : c'est la première fois en près de 14 ans que les talibans, chassés du pouvoir en 2001, réussissent à s'emparer d'une capitale provinciale.

Un camouflet pour Kaboul

Notre correspondant à Kaboul, Joël Brönner, rappelle que depuis le printemps, cette ville de 300 000 habitants, située près de la frontière tadjike, était déjà sous la pression des insurgés. Plusieurs districts de la région étaient en effet contrôlés par les talibans et deux assauts avaient été lancés, en avril puis en juin. Mais les assaillants avaient alors été repoussés par les forces de sécurité afghanes.

Cette attaque à grande échelle des insurgés a par ailleurs eu lieu un an tout juste après l'investiture du président Ashraf Ghani en remplacement d'Hamid Karzaï. Un an donc, après la formation d'un gouvernement d'unité nationale. La chute - au moins provisoire - de Kunduz souligne ainsi l'absence de véritable contrôle de l'Etat central et des forces de sécurité afghanes sur des pans entiers du pays, en particulier depuis le départ des troupes combattantes de l'Otan en décembre dernier.

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