La bataille est loin d'être gagnée pour Mahinda Rajapakse qui tente son retour au pouvoir ce lundi. Pendant la campagne, sa stratégie était toujours la même : attiser la flamme nationaliste chez la communauté cinghalaise majoritaire, en évoquant l'instabilité du gouvernement actuel, et la résurgence de « forces séparatistes », rapporte notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard.
Battu par un membre de son propre parti, Maithripala Sirisena, aux élections de janvier, il est reproché à l’ancien président Rajapakse d'avoir placé plusieurs membres de sa famille à des postes clés du gouvernement. A cela, s'ajoute les accusations d'intimidations auprès de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes, d'opposants politiques et surtout de la communauté tamoule minoritaire. Le vote tamoul pourrait d'ailleurs être décisif dans ces élections pour le président sortant.
Mais Mahinda Rajapakse a également du souci à se faire concernant sa base traditionnelle cinghalaise, notamment au sein des communautés rurales qui n'ont pas bénéficié de la croissance économique des dernières années.
Bras de fer avec le président
De son côté, l'actuel président Maithripala Sirisena a déclaré qu'il ne nommera en aucun cas son rival au poste de Premier ministre, même si la coalition à laquelle il appartient remporte une majorité au Parlement. Le président estime que son adversaire excite les haines entre communautés. Une accusation que le candidat au troisième plus grand district du pays a rejeté, tout en laissant entendre qu’il serait effectivement candidat au poste.
Maithripala Sirisena veut clairement en finir avec les années Rajapakse, qui a marqué le pays en écrasant dans le sang en 2009 la rébellion tamoule. L'actuel président est d’ailleurs jugé plus réceptif que son prédécesseur à une possible enquête de l’ONU sur les exactions qu’aurait commise l’armée srilankaise – et l’arrivée de son pire ennemi au poste de Premier ministre pourraient freiner le processus. Même chose pour les réformes sociales et économiques entamées par le nouveau président.