Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
L’empereur Akihito est porteur d’un lourd héritage, celui de son père Hirohito, au nom duquel le Japon se lança dans une guerre de 15 ans, celle de la « Grande Asie », qui coûta la vie à 3 millions de Japonais et peut-être dix fois plus d’Asiatiques.
Akihito, désormais parvenu au soir de sa vie, sent peut-être que 70 ans après la guerre, le Japon a toujours du mal à exorciser son passé. Avec Shinzo Abe, il s’est donné un Premier ministre représentant d’une droite nationaliste, révisionniste, négationniste, qui n’a jamais accepté la défaite et veut se débarrasser de la Constitution pacifiste.
D'ailleurs, en ce 15 août, jour de la défaite du Japon, la droite nationaliste préfère parler de « la fin de la guerre ». L’empereur a signalé au Premier ministre, en termes choisis, que le Japon s’était reconstruit une identité autour de sa Constitution pacifiste, et qu'il ne doit plus jamais céder à la tentation de la guerre.
Akihito a exprimé son plus « profond remords » à toutes les familles victimes de la guerre au Japon et dans le reste de l’Asie. Au Japon, l’empereur n’a plus aucun pouvoir. Il n’a même pas le droit de vote. Mais il est le symbole de la nation. Son rôle est d’assurer la continuité de l’histoire japonaise. Et Akihito semble vouloir que cette histoire reste pacifique, n’en déplaise à Shinzo Abe.
→ Écouter sur RFI : La politique de sécurité japonaise vue par Guibourg Delamotte