Royaume-Uni: restriction de visa pour Ai Weiwei

Ai Weiwei pourra bien se rendre au Royaume-Uni, mais seulement pendant trois semaines. L’artiste chinois le plus connu à l’étranger s’est vu opposer une restriction sur sa demande de visa de six mois au départ. L’ambassade du Royaume-Uni à Pékin évoque un problème de procédure. 

Officiellement, ces restrictions sont liées à des raisons « individuelles » et de « procédure ». Mais pour la plupart des observateurs il s’agit bien ici d’une volonté délibérée, côté anglais, de ménager Pékin. Privé de passeport pendant quatre ans, l’ex-bête noire des autorités communistes a sollicité un visa pour assister à son exposition à la Royal Academy of Arts à Londres, en septembre.

Visa accordé donc, mais pour trois semaines seulement et à titre « exceptionnel », de façon à ce que le dissident ne se trouve pas sur le territoire britannique lors de la visite d’Etat du président chinois au Royaume-Uni, en octobre prochain. Officiellement encore, et selon la lettre de l’ambassade du Royaume-Uni publiée sur le compte Instagram de l’artiste, Ai Weiwei aurait manqué de déclarer qu’il avait été « condamné par la justice chinoise ». Autrefois accusé de n’avoir pas payé ses impôts, de polygamie et de pornographie par le régime, l’intéressé s’est défendu sur les réseaux sociaux. « Je n’ai jamais été inculpé ou condamné », affirme Ai Weiwei, tout en faisant remarquer que sa demande de visa pour l’Allemagne, où vit son fils de six ans, n’a pas posé les mêmes difficultés.

Un diplomatie allemande qui dénote

La preuve qu’une autre diplomatie est possible, Berlin vient ainsi d’accorder un visa de quatre ans à entrées multiples à l’artiste. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les autorités allemandes démontrent leur attachement aux droits de l’homme en Chine, racontait encore récemment l’écrivain exilé Liao Yiwu. Une diplomatie allemande qui dénote au sein d’une diplomatie européenne globalement très « pro-business » vis-à-vis de la Chine.

Cette realpolitik sauce libérale conduit le gouvernement conservateur de David Cameron à éviter tout ce qui pourrait froisser les autorités chinoises, après un long refroidissement des relations sino-britanniques ayant suivi sa rencontre en 2012 avec le Dalaï Lama. Même chose pour la France, qui a connu également un long refroidissement des relations sino-françaises sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « Pu Zhiqiang, connais pas », a ainsi répondu aux journalistes Laurent Fabius en visite à Pékin, suite à l’inculpation du célèbre avocat pour « incitation à la haine ethnique ».

Réactions sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, les réactions à ces restrictions britanniques ne se sont pas fait attendre : « Honte au gouvernement du Royaume-Uni », a ainsi tweeté Michael Anti, militants des libertés sur internet. Car pour Ai Weiwei, les accusations de fraude fiscale et le conflit qui l’a opposé aux autorités suite à sa détention entre avril et juin 2011, ne relève pas de la procédure légale, mais bien d’un cadre totalement extra judiciaire. Maya Wang, experte de la Chine chez Human Rights Watch (HRW), l’a d’ailleurs confirmé ce jeudi à l’AFP. Critiquant la décision de Londres, elle confirme que les poursuites qui ont visé Ai Weiwei s’étaient seulement fondées « sur des motifs politiques ». 

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