« Je lui ai déjà parlé de ce problème, et elle m’a dit qu’elle se heurtait à certaines difficultés, que les choses n’étaient pas simples mais très compliquées. Malgré cela, je pense qu’elle peut faire quelque chose ». Ce message du Dalaï Lama à Aung San Suu Kyi, d’un Prix Nobel de la paix à un autre, est pour le moins clair. La dame de Rangoon doit faire entendre sa voix dans la crise des migrants qui secoue actuellement l’Asie du Sud-Est. D’autant que ceux qui fuient la Birmanie sont des Rohingyas, une minorité musulmane dans ce pays boudhiste et qui serait, selon l’ONU, la plus persécutée au monde.
Le parti d’Aung San Suu Kyi, la LND, a fini par faire une déclaration ce lundi, expliquant que les droits des Rohingyas devaient être respectés et qu’il fallait trouver une solution pour leur accorder la citoyenneté birmane. Mais la Prix Nobel de la Paix est, elle, restée silencieuse, comme elle l’avait été en 2013 lors des violentes émeutes entre bouddhistes et Rohingyas. A l’époque, elle avait expliqué qu’elle craignait qu’une prise de parole de sa part, quelle qu’elle soit, n’augmente encore plus des tensions. Mais il est aussi clair qu’Aung San Suu Kyi ne veut pas s’aliéner les 90% de bouddhistes que comptent la population, majoritairement hostiles aux Rohingyas, à six mois des élections législatives.