Avec notre correspondant à Séoul,
Les manœuvres organisées par Séoul et Washington se divisent en deux parties : la première, ce sont des simulations de guerres assistées par ordinateurs, où diverses situations de conflit avec la Corée du Nord sont envisagées. 10 000 soldats sud-coréens et 8 600 GI's y participent.
Puis il y a des manœuvres massives de troupes terrestres, de la marine, de l’armée de l’air. Elles mobiliseront quelque 200 000 Coréens et 3 700 Américains. Elles visent à préparer les deux armées à se battre côte à côte.
Ces exercices ont lieu tous les ans et comptent parmi les plus importants du monde. Cette année, beaucoup d’attention est portée à la participation d’un nouveau navire américain spécialisé dans les opérations de combat tout près des côtes.
Les deux alliés assurent que ces manœuvres sont de nature purement « défensive », et ont pour but de faire face à une éventuelle agression de la Corée du Nord. Mais une armée n’est jamais seulement défensive. Ces exercices agacent la Chine voisine et surtout le régime de Pyongyang, qui les qualifie de préparatifs à une invasion.
La Corée du Nord sur les nerfs
Ces exercices obligent le Nord à mettre ses propres armées en état d’alerte, ce qui épuise ses maigres ressources. En janvier, Pyongyang avait proposé à Washington l’annulation des manœuvres en échange de l’arrêt de ses propres essais nucléaires, sans succès.
Mardi 24 février, le régime a accusé le Sud de « lécher les bottes des Etats-Unis et d’aggraver la situation de confrontation ». Samedi dernier, il a répliqué au maintien des exercices en simulant l'attaque d’une île sud-coréenne, et en procédant à des tirs d’artillerie. Des exercices en présence du « Grand Leader » Kim Jong-un en personne.
La menace est limpide : il y a 4 ans, le Nord avait réellement attaqué une île sud-coréenne.
Les espoirs d’un rapprochement Nord-Sud s’éloignent
En début d’année, les discours officiels des deux côtés de la frontière appelaient au dialogue. Celui-ci est impossible aujourd’hui. Et pendant que ce bras de fer continue, le programme nucléaire nord-coréen se poursuit : mardi 24 février, un institut de recherche américain a estimé que le Nord pourrait avoir jusqu’à 100 têtes nucléaires en sa possession d’ici 5 ans.
Il y a donc urgence, et les progressistes en Corée du Sud montrent de plus en plus d’agacement. Dans un éditorial, le quotidien de centre-gauche Hankyoreh estime qu’une opportunité de dialogue a été gâchée, et accuse ces jeux de guerre américano-sud-coréens - qui durent depuis des décennies - d’empêcher toute amélioration des relations avec le Nord.
Le journal rappelle qu’en 1991, des manœuvres similaires avaient été annulées, ce qui avait permis l’adoption d’un accord historique entre les deux Corées. Il appelle donc à éviter toute provocation à l’égard du Nord, pour empêcher un éventuel accrochage militaire, et pour construire « un cadre favorable à la paix ».