De notre correspondante à Pékin,
Actuellement lorsqu'on réalise une greffe en Chine, l'organe a été prélevé sur un prisonnier dans deux cas sur trois selon des estimations officielles. Et l’on ne peut pas proprement parler de « dons d’organes » puisque, même si les autorités le nient, la plupart de ces prélèvements se font dans la plus grande opacité, sans l’autorisation de la personne même ou de ses proches.
Selon le quotidien China Daily, l’utilisation des organes de détenus est la règle pour répondre à une très forte demande. 300.000 patients auraient besoin, chaque année, d’un rein ou d’un cœur. Mais seulement 10.000 transplantations peuvent avoir lieu. Cela est notamment dû au manque criant de donateurs, affirme Huang Jiefu, le chef du Comité chinois du don d’organe.
Le don d'organe, contraire aux traditions
Les Chinois rechignent à se porter volontaires pour deux raisons. La première est peut-être la plus importante : la tradition chinoise veut que le corps reste intact avant d’être enterré. Très rares sont alors les familles qui acceptent le prélèvement lorsqu’un proche meurt. Et tous les efforts du gouvernement expliquant qu’un don d’organe peut sauver une vie n’ont pas changé les mœurs.
Mais il y a une autre raison : les Chinois ont peur d’alimenter le marché noir. Une crainte justifiée, car même les journaux officiels comme China Daily affirment que des hôpitaux publics sont impliqués dans le trafic d’organes.
90% des organes prélevés sur des défunts viennent de prisonniers
Ceci explique donc cela : sur 10 millions de Chinois, seulement 6 sont prêts à devenir donneur. Selon le comité chinois du don d’organe, ce ratio est 62 fois plus élevé par exemple en Espagne. Et parmi les organes prélevés sur des défunts (ce qui représente 65% des dons d’organe), 90% viennent des prisonniers condamnés à mort
La Chine est le pays qui exécute le plus de condamnés dans le monde. Mais Pékin ne publie aucun bilan officiel. On dépend donc des organisations non-gouvernementales pour savoir combien d'exécutions ont eu lieu : l’ONG Dui Hua qui est basée aux Etats-Unis estime que la peine de mort a été appliquée à 2.400 prisonniers l’an dernier.
Désormais ces prisonniers ne devraient plus être victimes de prélèvements d’organes forcés mais il faut savoir que ce n’est pas la première fois que les autorités promettent d’abolir cette pratique, pour le moins douteuse.