Lors de sa première visite d’Etat, en 2011, nous explique notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt, Jacob Zuma avait lancé une offensive de charme en direction du pays hôte. « La Chine discute avec ses frères et sœurs africains afin de créer une relation bénéfique pour tous », avait-il lancé devant des étudiants, « c’est différent des anciens colons occidentaux qui se contentent de prendre des choses par la force. » Un discours qui va droit au cœur des Chinois. Car la Chine ne cesse de répéter : ses investissements sur le continent africain créent de la richesse sans poser des conditions politiques.
Aujourd’hui, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud après l’Union européenne. En huit ans, les investissements directs chinois ont explosé et s’élèvent désormais à plus de 4 milliards d’euros. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont quant à eux doublé en 5 ans pour atteindre les 19 milliards d’euros l’année dernière. Cependant, la balance commerciale est en faveur de Pékin.
Une centaine d’hommes d’affaires sud-africains
L'Afrique du Sud exporte essentiellement des matières premières vers la Chine, précise notre correspondante à Johannesburg, Alexandra Brangeon. Or Pretoria voudrait promouvoir des produits à valeur ajoutée. C’est pourquoi, outre les cinq ministres qui accompagnent Jacob Zuma, une centaine d’hommes d’affaires sud-africains font aussi partie de la délégation. L’Afrique du Sud compte également sur la Chine pour l’aider à développer ses infrastructures de transport et d’énergie.
Car le pays manque cruellement d’électricité ce qui freine son développement économique. Pretoria voudrait construire de nouvelles centrales nucléaires mais manque d’argent. Il y a un mois déjà, la Chine et l'Afrique du Sud ont signé un premier accord-cadre de coopération dans le nucléaire civil. Cela pourrait aboutir à l’utilisation de technologie chinoise contre une aide financière de Pékin.
Mais les liens entre les deux pays ne s’arrêtent pas là. Pékin a été un allié important pour le Congrès national africain (ANC) dans sa lutte contre l’apartheid, et pour être élu à la tête de ce parti, Jacob Zuma a pu compter sur des fonds chinois. Reconnaissant, Pretoria est à l’écoute de ses amis chinois en matière diplomatique. Un exemple : par trois fois, le Dalaï Lama, accusé par Pékin de vouloir l’indépendance du Tibet, a été empêché de se rendre en Afrique du Sud.