Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Personne ne connaissait le nom de la nouvelle ministre japonaise de la Justice avant son apparition mouvementée mercredi devant le Sénat, un foulard rouge autour du cou.
Elle a réussi à sortir de leur « assoupissement » les sénateurs de l’opposition, provoquant chez eux une crise d’hystérie et de misogynie avec autant de décibels produits que par un marteau-piqueur. Bref, les sénateurs ont vu rouge. Le code vestimentaire du Sénat interdit le port du foulard, du chapeau et du manteau, quelle que soit leur couleur.
Conséquence, la session plénière a été interrompue pendant une demi-heure. La chaîne de télévision NHK, qui retransmet les débats en direct, a diffusé en guise d’interlude une émission sur les poissons tropicaux. La session a repris, mais la question de savoir si la ministre peut ou non porter un foulard n’est toujours pas tranchée.
En tout cas maintenant tout le monde connaît le nom de Midori Matsushima. Tout le monde sait aussi que cette ancienne journaliste est favorable à la peine de mort et s’affiche avec des membres de groupuscules ultranationalistes et négationnistes.
Le Premier ministre Shinzo Abe n’a toujours pas réagi. Pourtant, il cherche à tirer parti d’une des ressources humaines les plus négligées du pays, les femmes, afin de redresser l’économie japonaise. Encore faut-il soumettre le Sénat à une révolution culturelle.