Une large partie de la presse salue le changement politique en Inde

Une nouvelle ère politique commence en Inde, après la victoire du BJP, le parti nationaliste hindou, aux élections législatives. Narendra Modi, le futur Premier ministre a célébré cette victoire en s'engageant à « réaliser les rêves » du peuple indien. L'Inde tourne la page de la dynastie Gandhi et une bonne partie de la presse salue ce changement.

Avec notre correspondant à New Delhi,  Sébastien Farcis

« Modi écrase le Congrès, le BJP aplatit le clan Gandhi », la plupart des journaux applaudissent cette victoire historique. Le premier quotidien du pays, The Times of India, explique que le parti de droite a épaté sur quatre points : sa popularité a d'abord dépassé ses fiefs électoraux hindouistes, il a cassé les divisions fédérales de l'Inde, écrasé l'ascension annoncée des partis régionaux, et réussi à forger des alliances malgré le passé sulfureux de Narendra Modi.

Le journal analyse cette victoire comme la conquête plus générale de la caste des commerçants, les Banyas, à laquelle appartient le nouveau Premier ministre, le signe d'une rupture des lignes traditionnelles ainsi que de la valorisation de l'enrichissement personnel dans la nouvelle société indienne.

Un changement qui réjouit le quotidien économique Mint, qui voit le succès de cet homme de famille modeste du Gujarat comme l'incarnation du rêve indien, de la réussite individuelle et de l'ambition.

Le journal de gauche The Hindu rappelle cependant que l'ombre des pogroms anti-musulmans de 2002 continue à planer sur le dirigeant hindouiste. Et lui demande de préserver l'idée pluraliste de l'Inde et ne pas céder aux extrémistes de son parti qui voudraient opprimer davantage ces minorités.


■ Au Pakistan, ce changement suscite la méfiance

Le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a appelé le chef du BJP, Narendra Modi, pour le féliciter de sa victoire. Un résultat « impressionnant », selon le chef de la ligue musulmane, qui a promis d’améliorer les relations avec l’ennemi historique indien. Mais ils sont nombreux dans la République islamique à craindre que l’arrivée du nationaliste hindou à la tête du gouvernement à New Delhi ne soit plutôt de mauvais augure.

Avec notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou

Pour bon nombre de Pakistanais, le nom de Narendra Modi rappelle les tristes événements de 2002 dans l’Etat indien du Gujarat, quand plus d’un millier de personnes avaient été tuées dans des violences contre la minorité musulmane. À l’époque, le chef du BJP dirigeait cet Etat, et plusieurs le soupçonnent d’avoir encouragé ces émeutes contre leurs coreligionnaires. Narendra Modi s’est par ailleurs pour l’instant montré assez froid à un rapprochement avec le Pakistan. Il exige qu’il fasse d’abord preuve d’une plus grande volonté de combattre le terrorisme qui fleurit sur son sol, et qui déborde parfois jusqu’en Inde, comme en 2008, lors des attentats de Bombay.

Depuis leur indépendance en 1947, l’Inde et le Pakistan se sont livrés trois guerres, entre autres sur la question du partage de la région du Cachemire, un sujet sur lequel le chef du BJP s’est jusqu’ici montré plutôt intraitable. Mais le gouvernement pakistanais semble prêt à laisser la chance au coureur. Les plus optimistes croient d’ailleurs que le pragmatisme du prochain Premier ministre indien, sur les questions économiques notamment, pourrait favoriser le dialogue.

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