La Birmanie, malgré un processus de réformes entamé il y a quelques années, est loin d'être encore une démocratie. C'est le message d’Aung San Suu Kyi. Après une étape en Allemagne, l'opposante birmane et prix Nobel de la paix a rencontré le président François Hollande ce mardi matin pendant une heure.
Après l'issue de son entrevue avec le président français, la Dame de Rangoon, vêtue d'une longue robe traditionnelle de couleur bordeaux, a dit à la presse son plaisir d'être en France et d'entendre parler français, ajoutant que cela lui faisait du bien.
Cette deuxième visite dans l’Hexagone a pour but d'alerter la France, et tous les pays amis de la Birmanie à rester vigilants sur l'évolution du processus de démocratisation. « Vous le savez, a-t-elle expliqué, nous avons entamé un processus de réformes il y a trois ans. Aujourd’hui, un certain nombre de questions essentielles se posent pour notre pays : la modification de la Constitution, les tensions ethniques et communautaires et le rôle que l’armée joue dans la vie politique birmane. Ce sont des points d’une extrême importance pour nous.»
A l’approche des législatives de 2015, Aung San Suu Kyi demande à la France de faire pression sur le gouvernement birman pour que la constitution, qui garantit encore un quart des sièges du Parlement aux militaires, soit révisée avant le scrutin. Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius avec lequel elle a déjeuné au Quai d'Orsay a confirmé son soutien. « Nous serons très attentifs à la préparation des élections, et nous souhaitons vivement qu’il soit admis qu’un régime qui doit être totalement démocratique ne peut pas évidemment être au sens ou on l’entend ici un régime militaire » a déclaré le ministre.
Autre point évoqué, les violences communautaires et les conflits avec les minorités, à propos desquelles Laurent Fabius s'est dit vivement préoccupé. Souvent critiquée pour son silence sur ce sujet crucial la députée birmane s'est longuement défendue. « Il n’y a pas de solutions simple à la suspicion qui existe de longue date entre les différentes communautés, a expliqué Aung San Suu Kyi. En tant qu’opposition nous avons notre rôle à jouer mais nous ne sommes que l’opposition, pas le gouvernement. Et une question doit être posée très sérieusement : est-ce que le gouvernement fait ce qu’il faut pour résoudre ce problème? est-ce qu’il prend ses responsabilités ? »
Une question en écho aux craintes de certains observateurs pour qui les violences religieuses feraient l’affaire des militaires opposés au processus démocratique.