Présidentielle en Afghanistan: l'Otan exhorte la population à voter

J - 2 avant la présidentielle en Afghanistan. Pour couvrir au mieux le scrutin du 5  avril, les journalistes s'organisent. Ils mettent en place des blogs, des réseaux téléphoniques pour communiquer entre eux, s'échanger des informations mais aussi se protéger. Les talibans ont promis de tout faire pour perturber le vote de samedi ; ces derniers jours ont été marqués par plusieurs attentats. L'Otan a appelé les Afghans à participer à l'élection malgré les « tentatives d'intimidation » des talibans.

Les talibans ont promis de perturber les élections et de punir tous ceux qui y prendront part. Ils ont tenu parole. Les attaques se sont multipliées ces derniers jours. Mercredi, une bombe a fait 6 morts devant le ministère de l'Intérieur à Kaboul.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, est intervenu à Bruxelles. Il exhorte les Afghans à résister à ces tentatives d'intimidation : « La Force internationale d'assistance à la sécurité apportera son soutien là où ce sera nécessaire alors que les forces afghanes seront à la tête des opérations et réparties partout dans le pays. A travers la préparation des élections, ils ont tous fait preuve d’engagement, de courage et de professionnalisme ».

Le taux de participation reste la grande inconnue de ce scrutin. 10% des bureaux de votes seront fermés en raison des violences ou de l'éloignement de certaines zones montagneuses. Ce sont donc des paroles de mobilisation que le secrétaire général de l’Otan a adressées aux Afghans. « Mon message pour les femmes et les hommes d’Afghanistan est clair : allez voter, exercez votre droit démocratique, vous êtes les seuls à pouvoir décider de l’avenir de votre pays », a déclaré Anders Fogh Rasmussen.

Mais pour asseoir la crédibilité du futur président, il est très important que le taux de participation soit le plus élevé possible.


ANALYSE : Une présidentielle charnière

Hamaid Karzaï est au pouvoir depuis douze ans. Le scrutin de samedi prochain marque le premier changement de pouvoir démocratique. A l'approche d'une autre transition cruciale, celle du retrait des forces étrangères, les défis qui attendent le futur président sont nombreux. On se souvient que la réélection d'Hamid Karzaï en 2009 avait été entachée de fraudes. L’élection de samedi pourra-t-elle se faire dans des conditions acceptables ?

La réponse de Karim Pakzad, chercheur associé à l'IRIS (Institut de Recherches Internationales et Stratégiques :

« On assiste à une mobilisation extrêmement importante de la population qui participe par milliers ou parfois par dizaines de milliers aux meetings des trois candidats favoris au premier tour, explique Karim Pakzad. Aujourd’hui, on peut dire que la question même de l’élection commence à entrer dans les mœurs des Afghans ».

Il y a deux défis à relever, souligne le chercheur : la question de la sécurité et celle de la fraude. Le scrutin a déjà été partiellement perturbé. 742 bureaux de vote resteront fermés sur les 6 000 existants pour des raisons de sécurité. La plupart des observateurs étrangers ont déjà décidé de quitter le pays après l'attaque d'un hôtel du centre de Kaboul le 20 mars.

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Karim Pakzad ajoute que certains candidats comme le candidat de l’opposition, le docteur Abdullah, craignent des fraudes : « La question est de savoir maintenant si la fraude électorale aura la même dimension qu’en 2009, c’est-à-dire une fraude massive. A ce moment-là, on peut craindre un conflit, une contestation qui, dans une société comme en Afghanistan, pourrait déboucher sur des affrontements. »

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