De notre correspondant à Tbilissi,
Des sources rebelles ou des informations données par la Turquie quant au nombre de Caucasiens qu’elle a arrêtés et expulsés, laissent à penser qu’ils sont plusieurs centaines, dont un certain nombre viennent d’Europe, de France notamment, où ils vivent en exil. Certains ont des positions clés.
Il semblerait qu’il y ait plusieurs groupes rebelles dont les chefs ont prêté allégeance au Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda, qui soient dirigés par des Tchétchènes. Le plus important serait celui de l’émir Muslim, Muslim Margoshvili de son vrai nom, groupe qui rassemble les hommes de trois commandants tchétchènes et qui serait composé de 1500 combattants, tous n’étant pas Caucasiens.
Un rôle d'intermédiaire
A l'instar de Muslim Margoshvili, nom géorgien, on retrouve plusieurs Tchétchènes de Géorgie parmi les puissants chefs rebelles en Syrie aujourd’hui. Il est possible que cela soit dû au fait que, pendant les guerres de Tchétchénie, entre 1994 et le milieu des années 2000, -guerres conduites par Moscou pour empêcher que la petite République caucasienne ne se sépare de la Fédération de Russie-, ces Tchétchènes géorgiens aient joué un rôle d’intermédiaire entre les Tchétchènes de Tchétchénie et le jihad international, arabe ou autre.
Parmi eux, un certain Tarkhan Batirashvili, qui se fait appeler l’émir Oumar al-Shishani, fils d’un père géorgien chrétien et d’une mère musulmane, et qui en 2008, au moment de la guerre entre la Russie et la Géorgie, était officier de l’armée géorgienne, dans une unité de renseignements militaires… entraînée au passage par les Américains. Il existe des photos de lui en 2008, bien rasé, casque sur la tête, et d’autres -d’aujourd’hui- sur lesquelles il porte une longue barbe rousse de jihadiste.
Moscou redoute leur retour aux racines caucasiennes
Moscou doit s’inquiéter de cette situation pour le jour où ces islamistes reviendront dans le Caucase, région toujours en proie à une forte insurrection islamiste. S’ils reviennent dans leurs montagnes caucasiennes, ils n’en seront que plus redoutables, renforcés par leur expérience au combat et leurs contacts dans les mouvances islamistes internationales.
De nombreux indices témoignent d'ailleurs que depuis la première guerre de Tchétchénie, en 1994-1996, le Kremlin a joué un jeu curieux avec les islamistes tchétchènes pour mieux justifier la guerre au Caucase au nom de la lutte contre le terrorisme, ce qui est bien pratique pour faire oublier que le fond de l’affaire au Caucase est un refus du joug colonial russe.