Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
La dernière rencontre de ce niveau remonte en effet à 1993 à Singapour. Jamais ce type de dialogue n’avait eu lieu jusqu’à présent en Chine continentale. Pour les médias de Chine continentale ce mardi, il s’agit bien en effet d’un premier « contact officiel » entre les gouvernements de Taipei et de Pékin. « Contact officiel » entre guillemets -et les guillemets ont ici plus que jamais leur importance puisque officiellement et jusque dans ses manuels scolaires, la Chine communiste considère toujours Taiwan comme une province lui appartenant -.
Début de dialogue
Jusqu’à présent de telles discussions ne pouvaient se tenir qu’entre chefs de partis. A Nankin, le protocole a donc veillé à dissimuler tous les signes pouvant brouiller la rencontre. Pas de drapeau, ni de titre officiel sur la table des négociations, même si les deux responsables se sont salués en précisant leur titre : Wang Yu-chi, chef de l’Association taïwanaise chargée des relations avec le continent et Zhang Zhijun, chef du Bureau chinois des Affaires taïwanaises.
Cette première entrevue illustre le réchauffement entamé depuis l’élection en 2008 du président Ma Ying-jeou, favorable à des liens avec la Chine continentale. Les relations entre Pékin et Taipei se sont progressivement apaisées, franchissant une étape décisive lors de la signature d’un accord-cadre de coopération économique en 2010. Un accord qui a été suivi notamment par la reprise des vols aériens directs et l’augmentation du nombre des touristes de part et d’autres.
Pas de relation diplomatique
Ces deux petites heures d’entretien à Nankin sont toutefois trop courtes pour « résoudre des problèmes compliqués » ont prévenu les fonctionnaires de la délégation taïwanaise la veille de leur départ. Impossible notamment d’évoquer pour l’instant une éventuelle rencontre entre présidents des deux territoires, sachant que Pékin et Taipei n’entretiennent toujours aucune relation diplomatique.
La suite de la visite donne une idée des thèmes qui seront abordés pendant ces quatre jours : création d’un bureau de liaison, intégration économique régionale, accès aux soins médicaux des étudiants taïwanais sur le continent et liberté de la presse. Ainsi, demain mercredi, le responsable taïwanais ira se recueillir sur la tombe de Sun Yat-sen, l’un des fondateurs du Kuomintang, le Parti nationaliste chinois. Il prononcera ensuite un discours devant les élèves de l’Université de Nankin, puis le lendemain jeudi visitera l’Académie des sciences sociales et la télévision de Shanghai, avant un passage par l’école des enfants des hommes d’affaires taïwanais toujours à Shanghai vendredi.