Cambodge: le gouvernement reprend la main sur l'opposition

Au Cambodge, le gouvernement a repris la main sur une situation devenue volatile. Alors que depuis plus de cinq mois l'opposition souffle un vent de fronde sur le pays, rejointe depuis peu par une masse d'ouvriers en colère, les autorités ont réprimé brutalement toute forme de contestation. Ainsi, depuis samedi, les manifestations sont interdites jusqu'à nouvel ordre. Les leaders du PPC, le parti dirigeant, ont présidé normalement, ce mardi, la cérémonie des célébrations du 35e anniversaire du 7 janvier, le jour où l'armée vietnamienne les a installés au pouvoir après avoir renversé le régime khmer rouge.

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee

Le Parti du peuple cambodgien (PPC) n'a pas dérogé à la tradition en ce jour de grand-messe, affichant un front uni devant près de 15 000 militants. Le Premier ministre Hun Sen, dont l'opposition réclame le départ, est apparu souriant, mais il ne s'est pas exprimé à la tribune. Une position de retrait adoptée depuis le début de la crise, comme s'il ne voulait pas donner prise à ses détracteurs et démontrer que la situation ne justifie pas qu'il intervienne.

« Limites »

C'est le président de l'Assemblée nationale, Heng Samrin, qui a donné le ton, s'en prenant directement à l'opposition : « L'instabilité politique et socio-économique que les "ennemis du 7 janvier" cherchent à créer menace de faire dérailler le Cambodge de la bonne voie qu'il suit, si jamais ceux-ci réussissaient dans leur entreprise. Mais le peuple cambodgien ne laissera pas ces hommes politiques et ces cercles atteindre leurs objectifs sans leur imposer des limites. »

Légitimité

Le PPC, a-t-il expliqué, revendique une légitimité que lui accordent les institutions suite à sa victoire aux urnes, tout en pointant du doigt l'illégalité des actions menées par son rival politique. Alors qu'il dit ne pas fermer la porte aux négociations, l'opposition, elle, a confirmé vouloir porter plainte devant la Cour pénale internationale contre les auteurs de la répression d'un rassemblement ouvrier qui a fait au moins quatre morts.

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