Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
En se rendant au sanctuaire de Yasukuni, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, veut signaler à sa droite nationaliste - minoritaire mais fort influente dans les allées du pouvoir à Tokyo -, qu’il est décidé à dire « non » à la Chine. A lui dire qu'elle va trop loin.
Ce sanctuaire a servit d’armature idéologique aux militaristes japonais durant la Seconde guerre mondiale. Parmi les « morts pour la patrie » qui y sont honorés, on compte des criminels de guerre, ce qui provoque la colère de la Chine.
Shinzo Abe est décidé à réviser la Constitution pacifiste japonaise. Il veut faire du Japon un pays comme les autres, intégré dans le système de défense collectif américain, car il perçoit la Chine comme une menace, aujourd’hui.
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Shinzo Abe estime que la Chine va trop loin, avec les incursions quotidiennes de ses bateaux de guerre autour des îles Senkaku. Ces îles, administrées par le Japon, sont revendiquées par Pékin. L'établissement unilatéral d’une zone de défense aérienne chinoise, qui inclut une partie du territoire japonais et les îles Senkaku, suscite aussi la plus grande inquiétude à Tokyo.
A tout moment, dans les airs et en mer, un incident peut se produire entre avions de chasse, ou entre les navires de guerre chinois, japonais et américains qui naviguent dans ces eaux. Shinzo Abe est décidé à ne pas céder aux intimidations chinoises.
Yasukuni : le sanctuaire de la discorde
Le chef du gouvernement affirme qu’il ne veut, par ce geste, heurter ni Pékin ni Séoul, mais c'est raté : les deux pays sont furieux. Alors pourquoi cette colère, en quoi ce sanctuaire Yasukuni pose-t-il problème ?