En Thaïlande, les opposants à Yingluck Shinawatra ne désarment pas

En Thaïlande, la campagne anti-gouvernementale se poursuit, avec l'encerclement de nouveaux ministères. Les actions des manifestants sont vivement critiquées dans la presse nationale. Beaucoup d'observateurs considèrent qu'il ne s'agit plus d'une manifestation pacifique, mais plutôt d'un mouvement insurrectionnel. Un mandat d'arrêt a été délivré contre l'un des leaders des opposants, Suthep Thaugsuban, pour l'occupation du ministère des Finances.

→ à (re)lire : Les manifestants occupent deux ministères, la loi de sécurité étendue à tout Bangkok

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Les manifestants occupent trois ministères (Sports et Tourisme, Agriculture et Finances) et ont encerclé un quatrième, le ministère de l'Intérieur, lequel est protégé par des rouleaux de fer barbelé et une centaine de membres d'une unité para-militaire. A chaque fois, les manifestants ont sommé les fonctionnaires de rentrer chez eux.

Mandat d'arrêt contre Suthep Thaugsuban

Un mandat d'arrêt a été délivré pour l'arrestation du principal leader du mouvement de protestation, l'ancien député d'opposition Suthep Thaugsuban. Celui-ci se trouve toujours au sein du ministère des Finances occupé par ses partisans depuis lundi matin. Le leader des manifestants anti-gouvernementaux, peut maintenant être arrêté à tout moment. L'ordre qu'il a donné lundi d'occuper de force le ministère des Finances est considéré par la Cour suprême comme une atteinte à la sécurité nationale. Il est évidemment très improbable que Suthep se livre de lui-même à la police, car il a promis de provoquer la chute du gouvernement dans les prochains jours.

La relève de Suthep assurée

La presse nationale, généralement peu favorable au gouvernement, qualifie ces actes d'intrusion d'illégales et d'anti-démocratiques. Elle considère qu'on ne peut plus qualifier ce mouvement de pacifique, d'autant que les manifestants ont intimidé plusieurs journalistes locaux et étrangers.

Le gouvernement espère que l'arrestation éventuelle de Suthep mettra un terme à la campagne anti-gouvernementale, mais sept autres anciens députés sont prêts à prendre la relève. Parallèlement à ces mouvements de rue, une motion de censure à l'encontre du gouvernement est en train d'être débattue à l'Assemblée nationale. Les orateurs d'opposition se relaient à la tribune pour fustiger la politique de la chef du gouvernement Yingluck Shinawatra. Celle-ci se retrouve attaquée de toutes parts, mais elle fait preuve d'une belle résistance.


Suthep Thaugsuban, un «gros poisson» de la politique thaïlandaise

Pendant six ans, jusqu'en 2011, Suthep Thaugsuban a dirigé le Parti démocrate, le principal parti d’opposition. Il a démissionné le 11 novembre de ses fonctions de député de ce parti pour mener les manifestations contre le pouvoir. C’est d’ailleurs lui qui a appelé à occuper les ministères, raison pour laquelle le mandat d’arrêt a été émis. Il risque 7 ans de prison.

Agé de 65 ans, il est entré en politique il y a 35 ans comme député. Depuis, il a été à plusieurs reprises ministre mais aussi vice-Premier ministre. C’est d’ailleurs lorsqu’il occupait ce poste -en 2010- qu’a eu lieu la répression contre les Chemises rouges, les partisans de Thaksin Shinawatr, dont la sœur est actuellement Première ministre. Quatre vingt onze personnes avaient été tuées et près de 2000 autres blessées.

Depuis fin octobre, Suthep Thaugsuban est poursuivi pour meurtre dans cette affaire. L’opposition estime que le pouvoir voulait faire pression sur lui au moment où était examinée la loi d’amnistie contre laquelle il menait ces manifestations. Cela ne l’a pas empêché de continuer à diriger le mouvement anti-Shinawatra.

Bien qu’ayant perdu la voix lors des manifestations de lundi, Suthep Thaugsuban affirme aujourd'hui qu'il a l'intention de faire tomber en trois jours le gouvernement, qui selon lui est «une marionnette de Thaksin Shinawatra», le frère actuellement en exil de la Première ministre.

 

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