Avec notre correspondant à Hanoï, Victor Guillot
La décision de mettre fin au peloton d’exécution avait été prise il y a deux ans et justifiée, à l’époque, par des préoccupations humanitaires et la prise en compte de la souffrance psychologique des tireurs. Mais dans les faits, cela s’était traduit par l’arrêt total de l’application de la peine de mort. Car il ne suffit pas d’inscrire l’injection létale dans la loi pour la rendre effective, c’est ce qu’a pu mesurer le Vietnam.
Embargo de l’Union européenne
En effet, l’Union européenne, là où sont fabriqués les composés chimiques injectés aux condamnés, s’est toujours refusée à exporter le thiopental, le bromure de pancuronium et le chlorure de potassium, nécessaires à la fabrication du mélange létal. La dizaine de centres d’exécution déjà construits n’a donc jamais fonctionné.
Pour contourner cet embargo, le Vietnam a du modifier la loi par un décret, entré en vigueur à la fin du mois de juin. Un décret qui autorise l’utilisation de produits chimiques locaux pour les exécutions par injection. Cela avait suscité de nombreuses interrogations, en particulier sur la capacité de Hanoï à mettre au point un mélange mortel «made in Vietnam».
L’exécution d’un meurtrier de 27 ans, ce mardi 6 août, semble montrer que les Vietnamiens y sont parvenus, même s’il subsiste encore des doutes sur l’origine des composés utilisés. Au total, presque 600 personnes attendent dans le couloir de la mort. D’après les chiffres de la presse vietnamienne, plus d’une centaine d’entres elles pourraient maintenant être immédiatement exécutées.