De notre correspondant à Bombay,
L'autorité de régulation des produits pharmaceutiques a imposé un nouveau prix maximum pour 348 médicaments génériques considérés comme essentiels – des antidouleurs aux antidiabétiques en passant par des traitements contre le cancer. D'ici à la fin de ce mois de juillet, le coût de ces médicaments baissera de 15 % en moyenne, avec des cas extrêmes pour certains, qui verront leur prix divisé par trois.
Leur coût est déjà peu élevé en Inde, surtout pour ces génériques – on parle ici de médicaments qui coûtent entre 10 centimes et 2 euros les 10 comprimés. Mais cela peut s'avérer cher pour le tiers de la population indienne qui vit sous le seuil de pauvreté. Surtout, deux Indiens sur trois n'ont aucune couverture médicale et l'achat de ces médicaments représente pour eux le premier poste de dépense de santé. Cette baisse est donc essentielle pour cette partie de la population.
De nombreuses critiques
Mais tous les médicaments essentiels ne sont pas concernés, critiquent certains experts. Par exemple, l'Inde est frappée ces temps-ci par une vague de tuberculose résistante aux antibiotiques, ce qui fait craindre de nouvelles épidémies qui pourraient d'ailleurs dépasser ses frontières. Or, les médicaments recommandés par l'Organisation mondiale de la santé pour soigner ces tuberculoses coûtent très cher, et ne sont pas inclus dans cette liste. Leur prix ne changera donc pas. De même pour les 21 vaccins essentiels pour l'homme mentionnés par l'OMS – seulement neuf d'entre eux sont compris dans cette liste de médicaments essentiels.
Les entreprises pharmaceutiques ont fait valoir que cette baisse de revenus pourrait mettre en danger leurs investissements en termes de recherche et développement. Des arguments à prendre avec des pincettes, car cette réforme ne va affecter que 20 % du marché des médicaments, et exclut ceux qui sont encore sous brevet.
Surtout, la réduction a été calculée en faisant une moyenne entre les prix les plus hauts et les plus bas pratiqués sur le marché, et non en s'intéressant aux coûts réels de production. Résultat, selon une étude scientifique publiée ces jours-ci, même après cette baisse, les compagnies réaliseront encore des marges estimées à 470 % en moyenne sur les médicaments concernés. Cela semble assez confortable pour qu'elles puissent survivre.