Avec le correspondant au Vietnam, Victor Guillot
La nouvelle législation vietnamienne oblige les 75 chaînes étrangères diffusées dans le pays à traduire en vietnamien la majeure partie des programmes diffusés. Avec un encadrement très strict, l'ensemble du travail de traduction et d'édition doit être obligatoirement confié à une agence possédant une licence du gouvernement. Par ailleurs, toutes les publicités diffusées devront obligatoirement être réalisées au Vietnam. Si ces deux conditions ne sont pas respectées, les chaînes se verront interdites de diffusion. Dès le lendemain du mercredi15 mai, un premier bouquet satellite a décidé de couper la diffusion de 21 chaînes étrangères à ses abonnés. Parmi les plus connues : CNN et BBC.
Des conditions draconiennes
Avant la promulgation de la loi, de nombreux gouvernements étrangers avaient déjà tiré le signal d'alarme. En particulier, le gouvernement américain, car les chaînes américaines qui diffusent des films toutes la journée ont beaucoup de succès au Vietnam. Pour eux, le risque est d’assister à l’arrêt définitif de toute chaîne étrangère dans le pays. Le gouvernement vietnamien, lui, reste fidèle à sa conduite et affirme vouloir « faciliter l'accès de la population vietnamienne aux programmes télévisés en langue étrangère ». Les responsables des chaînes étrangères sont scandalisés et dénoncent une mesure très compliquée à mettre en place, avec des coûts très lourds pour les chaînes étrangères. Ils évoquent une censure déguisée qui vient s'ajouter à des contraintes déjà existantes au Vietnam. Les chaînes étrangères doivent par exemple être diffusées avec une demi-heure de différé, afin de permettre une coupure de la diffusion en cas de programme jugé sensible par le pouvoir communiste en place.
Les diffuseurs dénoncent un manque de clarté
Mais pour l’instant, seuls deux fournisseurs vietnamiens de programmes câblés ou satellites se sont pliés, notamment VTV Cab, l’un des leaders qui a cessé de diffuser CNN et la BBC. Sur les autres bouquets, les chaînes étrangères sont toujours diffusées. Toutefois, la loi semble toujours floue et l’ensemble des acteurs du secteur se demande quelle sera la marge de tolérance du gouvernement, qui n'est plus en position de force sur le dossier. En effet, face à l'opposition que soulève cette loi, son entrée en vigueur a déjà été retardée plusieurs fois. Le pouvoir lui-même semble reculer. Récemment, un officiel du ministère de l'Information et des Communications a affirmé que les chaînes d'information comme CNN ou la BBC ne seraient plus concernées.