La communauté internationale au chevet des espèces menacées

Les espèces animales menacées sont au cœur d’une réunion internationale qui se tient du 3 au 14 mars 2013 en Thaïlande. En effet, les 177 pays signataires de la Convention sur le commerce international des espèces menacés (Cites) sont actuellement réunis à Bangkok pour faire le point et envisager de nouvelles mesures de sauvegarde de la faune et la flore. Au programme : la protection des ours polaires, des éléphants d'Afrique, des grands singes, des requins mais aussi un triste constat après la disparition de plusieurs espèces animales.

Les ours polaires ont été les premiers au centre des débats de la 16e session de la conférence des parties du Cites, autrement dit la réunion des 177 pays signataires de la Convention sur le commerce international des espèces menacés. Une Convention qui pour l’instant protège l’ours polaire en partie seulement puisque s’il existe une stricte régulation de son commerce mondial, ce dernier n’est pas interdit.

Depuis plusieurs années, les Etats-Unis militent pour une interdiction totale de son commerce au motif qu’il est fortement menacé. Selon des experts américains, près de 800 ours polaires alimenteraient le marché mondial, un chiffre conséquent quand on sait que sa population est évaluée entre 20 000 et 25 000 spécimens. Mais comme en 2010, le Canada, qui abrite le plus grand nombre d’ours blancs, a réussi à bloquer cette mesure avec comme principal argument que l’espèce est avant tout victime du réchauffement climatique.

Mieux protéger les requins

Autre animal qui devrait cristalliser les débats ces prochains jours : le requin. Plusieurs pays réclament notamment l’inscription du requin-taupe, du requin océanique et de trois types de requins-marteaux sur l’annexe II de la Cites. Cette inscription permettrait de réguler leur commerce et de limiter la surexploitation de ces espèces.

Comme l’ours blanc, ce n’est pas la première fois que des participants demandent une protection accrue pour les requins. Mais auparavant et notamment en 2010, ces propositions avaient échoués face à un groupe de pays inquiets des retombées d’une telle interdiction pour la filière pêche. Cette année, les défenseurs des requins sont plus confiants. Pour Susan Lieberman, de l’ONG de protection de l’environnement Pew Environment, « la science est du côté des requins » qui sont très « vulnérables » à cause de la surpêche.

Eléphants, rhinocéros et grands singes : victimes du commerce illégal

D’autres animaux sont déjà protégés mais cela ne suffit plus. C’est le constat que va faire la Cites à l’occasion de cette réunion pour les éléphants, les rhinocéros ou encore les grands singes. Ces espèces, dont la commercialisation est interdite, sont victimes du braconnage. Une pratique qui s’intensifie depuis quelques années et les chiffres donnés pour 2012 sont éloquents. Par exemple, en Afrique du Sud, 668 rhinocéros ont été abattus illégalement l’année dernière contre seulement 13 en 2007.

Même cri d’alarme pour les éléphants victimes eux-aussi du trafic d’ivoire, pourtant interdit depuis 1989. Certaines populations d’éléphants d’Afrique sont aujourd’hui menacées d’extinction face à l’augmentation spectaculaire du braconnage. Pour l’ONG Traffic, il s’agit là de crime organisé car « vous n’investissez pas dans des centaines de défenses comme un passe-temps frivole », explique Tom Miliken, un expert chargé du commerce d’éléphant à la Cites.

Les pays montrés du doigt sont l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya où sont tués la majorité des pachydermes, la Malaisie, le Vietnam et les Philippines où transitent les défenses avant d’atteindre les principaux marchés chinois et thaïlandais. Autant de pays qui ont des comptes à rendre lors de cette réunion internationale et dont on attend des gestes forts.

La problématique des grands singes est un peu différente puisqu’il s’agit plus d’un trafic d’animaux vivants mais les dégâts sur les espèces n’en sont pas moindre. Entre 2005 et 2011, plus de 22 000 grands singes auraient été capturés illégalement dont une partie seraient morts. « Un chimpanzé vivant équivaut à dix chimpanzés morts, explique à l’AFP Doug Cress, coordinateur du Partenariat pour la survie des grands singes. Vous ne pouvez pas entrer dans une forêt et juste en prendre un. Vous devez vous battre, tuer les autres chimpanzés du groupe. A ce rythme, les grands singes vont très vite disparaître ».

Trop tard pour certaines espèces

D’autres espèces n’ont plus besoin d’être aujourd’hui protégées, non pas parce qu’elles ne sont plus en danger mais parce qu’elles ont totalement disparu de la surface de la Terre. Cette année pour la première fois de son histoire, la Cites a enlevé plusieurs animaux de sa liste des espèces protégées qui compte près de 35 000 références.

 

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