Hollande en Inde pour renforcer les relations Paris-New Delhi

Le président français est à New Delhi puis à Bombay pour une visite d’Etat de deux jours, ces 14 et 15 février 2013. Sur son agenda, des rencontres politiques : le Premier ministre Manmohan Singh, le ministre des Affaires étrangères Salman Khurshid, la chef de la majorité, et celle de l’opposition. Mais sa visite sera évidemment aussi économique.

Une soixantaine de chefs d’entreprises accompagnent François Hollande, quelques poids lourds - Areva, Alsthom, Dassault - et de nombreuses PME. De fait la relation économique avec l’Inde est ancienne, traditionnellement dans les domaines de la technologie, de l’industrie spatiale et du militaire.

Mais depuis la signature en 1998 d’un partenariat stratégique, les échanges ont évolué : de plus en plus d’entreprises françaises s’implantent en Inde pour profiter de sa croissance, et l’aider à construire les infrastructures qui lui manquent.

Des marchés à prendre

New Delhi appelle d’ailleurs de ses vœux un plus grand investissement des entreprises françaises dans le pays. On en compte déjà 700, mais beaucoup de français hésitent à venir, arguant de difficultés administratives. « En Inde, il faut se donner du temps », explique Edouard Roquette, un des membres de la délégation française qui participe au voyage présidentiel. Son entreprise de fabrication d’amidon n’a acheté les trois usines qu’elle possède aujourd’hui en Inde que l’an dernier, après quinze ans d’approche de partenaires éventuels.

Quinze ans… Mais aucun regret : « Etre associé à un partenaire local favorise des relations plus faciles et plus rapides avec les clients les fournisseurs, également avec l’administration indienne ». Et pour profiter d’une croissance de 5%, certains en Europe sont prêts à faire des compromis : l’Allemagne et la Grande-Bretagne dépassent la France sur le marché indien, lourdeurs administratives ou pas.

Des contrats en attente

Mais les deux principaux contrats du moment en Inde sont bien français : Dassault, qui a remporté un appel d’offre pour 126 rafales, estimé à 12 milliards de dollars, et Areva, qui doit construire deux réacteurs nucléaires civiles de type EPR à Jaïtapur, 400 kilomètres au sud de Bombay. Seulement voilà, les deux contrats sont toujours en négociation (pour les EPR, la catastrophe de Fukushima avait considérablement ralenti les discussions), et si des deux côtés on se dit confiant, rien ne devrait être signé à l’occasion du voyage de François Hollande en Inde. « L’Inde ne signe pas des contrats économiques lors d’une visite politique », explique-t-on du côté de la présidence française - même avec 60 chefs d’entreprises dans les bagages présidentiels.

Une relation bilatérale « excellente »

Il est vrai que cette visite reste aussi politique : sans les bonnes relations diplomatiques qu’entretiennent les deux pays, ces contrats n’auraient d’évidence jamais vu le jour. La France s’est battue pour que l’Inde ait accès au nucléaire civil, malgré sa non-signature du TNP (le Traité de non-prolifération), et elle soutient la candidature de New Delhi à un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius l’avait rappelé le mois dernier lors de la visite de son homologue à Paris, François Hollande ne devrait pas manquer de le faire lors de ce voyage en Inde.

Les deux pays collaborent également dans la lutte anti-terroriste, et se retrouvent sur le dossier afghan, un voisin de l’Inde qui, alors que la France a achevé le retrait de ses forces combattantes, réfléchit elle-même à son avenir dans le pays. Et si selon Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’Asie du sud, l’Inde peut avoir éventuellement des réserves sur l’intervention française au Mali, cela reste une position traditionnelle. « Ce qui est mis en avant, c’est le souci de la souveraineté nationale. L’Inde se range plutôt dans le camp où l’on va retrouver la Chine, en s’interrogeant sur les motivations profondes des pays occidentaux à intervenir dans des pays étrangers, quelle que soit la situation de ces pays étrangers ».

Au final, si le président a changé depuis la dernière visite d’Etat en 2010, l’objectif devrait rester le même sous François Hollande que sous Nicolas Sarkozy : améliorer les échanges économiques entre les deux pays, faire venir davantage d’étudiants indiens en France (ils sont actuellement 25 000), et faire en sorte que l’Inde fasse davantage entendre sa voix au niveau international.

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