Journée mondiale pour l'abolition de l'esclavage : gros plan sur les jeunes chômeurs et les victimes du commerce humain

Employées en Europe, aux Etats-Unis ou au Proche-Orient, les domestiques originaires des Philippines sont l’objet d’un commerce bien établi. Ces femmes fuient chaque année par centaines de milliers la misère qui sévit dans leur pays pour aller risquer leur vie à l’étranger, dans des conditions parfois proches de l’esclavage. De même, de jeunes Malgaches s'embarquent dans des aventures dangereuses, croyant avoir trouvé un emploi dans les pays du Golfe...

Avec notre correspondant à Manille, Gabriel Kahn

Plus de douze millions de Philippins travaillent à l’étranger, principalement comme domestiques. Aux Philippines, on les surnomme des « super nounous ». Ce sont des jeunes femmes de la campagne qui passent par des agences agréées par l’État pour trouver du travail à l’étranger.

Une manne conséquente

Et puis, il y a toutes celles qui sont expatriées illégalement, à travers des mafias basées principalement dans les États du Golfe persique. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont en tête des pays « importateurs » de ces femmes qui fuient la misère. Plusieurs associations militent pour mettre fin à ce commerce d’êtres humains.

« Je demande au gouvernement de revoir sa politique en faveur de l’exportation de main d’œuvre. Au lieu de s’attacher à ouvrir de nouveaux marchés du travail à l’étranger, il devrait créer de l’emploi aux Philippines », fait remarquer Garry Martinez, le directeur de Migrante International.

Le taux de chômage aux Philippines est de l’ordre de 30 % et des millions de ménages dépendent de l’argent gagné par ces travailleurs expatriés, dans des conditions parfois proches de l’esclavage. Aux Emirats arabes unis par exemple, le consulat reçoit plusieurs appels par jours de domestiques violées, enfermées, battues. Mais ces femmes rapportent tellement d’argent au pays que cette situation n’est pas près de changer.


Des jeunes malgaches victimes d'esclavage domestique

A Madagascar, chaque année, quelque 4 000 personnes partent travailler à l’étranger via des agences de placement. Avec la promesse d’un bon salaire, les femmes deviennent domestiques au Liban, au Koweït ou en Arabie saoudite. Les hommes, marins, en Afrique du Sud. Mais pour plusieurs centaines d’entre eux, le rêve est devenu cauchemar : ils ont été privés de salaire, de droits, de passeports. Ils sont nombreux à avoir été battus, comme Mevatina, une jeune femme qui est parvenue à rentrer il y a deux semaines du Koweït.

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