Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
Phnom Penh sort de la torpeur dans laquelle elle était plongée ces derniers jours, fériés pour la célébration annuelle de la Fête des morts. Depuis hier soir, aux portes du palais, un ballet silencieux se joue.
En famille ou entre amis, jeunes et anciens, on vient se recueillir devant le portrait géant de Sihanouk fraîchement dressé sur la façade mais aussi épaissir une forêt de baguettes d'encens et élever encore un peu plus haut un mur de fleurs de lotus. On vient également noircir des registres de condoléances de messages déposés d'une écriture appliquée.
Deuil national
Les Cambodgiens entrent aujourd'hui dans la première semaine de deuil national du père de l'indépendance dont la dépouille -avant sa crémation- sera exposée au public les trois prochains mois dans l'enceinte de ce qui fut sa demeure durant plus de 80 ans.
Pour partager ce moment de communion qui marque son retour parmi son peuple et lui rendre les derniers hommages, les Cambodgiens sont nombreux à affluer de province. Depuis l'aube, étudiants, fonctionnaires, nonnes ou simples citoyens ont commencé à prendre place le long des 10 kilomètres que va parcourir le cortège entre l'aéroport et le Palais royal. Plus de cent mille personnes sont attendues.
Le rôle des médias audiovisuels
La plupart des télévisions locales, toutes progouvernementales, continuent de diffuser en boucle la biographie du roi-père, ainsi que des images d'archive de ses innombrables apparitions publiques et ses actions pour le pays. Mais les médias ne pourront cependant pas retransmettre les cérémonies funéraires du charismatique monarque, conformément aux vœux laissés par ce dernier. Sihanouk était entré dans l'Histoire de son vivant et sa sortie de scène devrait être tout aussi historique dans les annales mouvementées de son petit royaume.