Chine: la voiture de l’ambassadeur du Japon prise pour cible à Pékin

Le fanion de l’archipel nippon accroché au véhicule diplomatique a été arraché lors d’une embuscade lundi 27 août dans l'après-midi à Pékin. L’ambassadeur n’a pas été blessé mais ce nouvel incident traduit la montée des tensions entre les deux pays depuis le 15 août dernier, quand des nationalistes japonais avaient débarqué sur les îles Senkaku (Diaoyu pour les Chinois) en mer de Chine orientale, disputées par la Chine au Japon. Depuis, une vague nationaliste agite les villes chinoises, un mouvement qui embarrasse les autorités

Avec notre correspondant à Pékin

Il était 16 heures lundi après-midi lorsque deux véhicules ont bloqué la voiture de l’ambassadeur Uichiro Niwa.

L’incident se passe à un embranchement du périphérique intérieur à Pékin. Un homme descend de l’un des véhicules et arrache le drapeau de la représentation diplomatique japonaise avant de s’enfuir.

Une « enquête sérieuse » est en cours, « le gouvernement chinois applique toujours consciencieusement la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, pour garantir la sécurité des ambassades étrangères et de leurs personnels », a fait savoir le ministère chinois des Affaires étrangères, alors que le ton est encore monté d’un cran ce week-end du côté des nationalistes.

Chat chinois mangeur de sushis

Vagues de drapeaux rouges de la Chine populaire et slogans pour le retour des îles Dioyu/Senkaku à la Chine dans les villes de l’est du pays. Cinq mille personnes ont ainsi été comptabilisées dans les rues de Shenzhen, 3 000 à Hangzhou et près d’un millier à Dongguan, près de Canton, où de nombreux incidents ont éclaté contre les symboles du Japon.

L'actrice Xue Kaiqi a ainsi été qualifiée de « traitre à la nation » par les internautes pour avoir emmené son chat manger des sushis.

Des autocollants ont également fleuri sur les pare-brise afin de tenter de dissuader les casseurs : « La voiture est de marque japonaise mais le cœur de son conducteur est chinois », peut-on y lire.

Dans un éditorial, le quotidien japonais Yomiuri Shimbun a accusé Pékin d’encourager tacitement les manifestations anti-japonaises. En réalité, les autorités chinoises semblent s’inquiéter désormais des risques de débordements.

À Dongguan, la police antiémeute est ainsi intervenue dimanche pour disperser les manifestants, alors que les appels au rassemblement sur internet avaient été repostés par plus de 20 000 personnes selon le site Nanfang.com.

Pékin craint l’effet boomerang

À l’approche d’un congrès crucial pour le renouvellement de l’équipe dirigeante à la tête du Parti communiste, le pouvoir chinois veut éviter toute mobilisation politique risquant de nuire à la « société harmonieuse » chère à Hu Jintao. Le Quotidien du Peuple a ainsi tenté vendredi de mettre un peu d’eau dans le vin des nationalistes : « Depuis les années trente, écrit le rédacteur en chef du bureau de Tokyo de l’organe officiel du régime chinois, c’est grâce aux crédit avantageux du Japon que la Chine a pu construire les aéroports de Pékin et de Shanghai, mais aussi des ports, des lignes de chemins de fer, des aciéries et des centrales électriques… ».

Même chose ce mardi 28 août pour le Huanqiu Shibao. Le quotidien nationaliste qualifie en effet de « stupide » l’attaque contre le véhicule de l’ambassadeur japonais.

Des mots qui pour l’instant n’ont pas calmé les militants pros-chinois. Un chauffeur de taxi de Beidaïhe, à l’est de Pékin, nous confiait ainsi récemment qu’il trouvait les autorités chinoises « beaucoup trop molles » sur les questions de souveraineté dans les mers de Chine.

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