Des entrepreneurs chinois critiquent violemment le travail en Corée du Nord

La Chine continuera à soutenir l’allié nord-coréen, c’est ce qu’ont laissé entendre ce vendredi 17 août les dirigeants chinois à Jang Song-taek, un homme très important en Corée du Nord et considéré par de nombreux analystes comme un partisan des réformes dans son pays. Pyongyang a besoin du soutien de la Chine qui entend pousser la Corée du Nord à s’ouvrir d’avantage aux investisseurs privés. Les dirigeants nord-coréens se sont engagés ces dernières semaines à suivre le modèle chinois. Mais sur le terrain la situation reste compliquée et peut même se transformer en cauchemar pour les entrepreneurs chinois.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

C’est un témoignage anonyme car les pressions sont « trop lourdes à porter » dit un témoin qui travaille pour le groupe Xiyang, dans la province du Liaoning au nord-est de la Chine. En 2004, ce consortium chinois décide d’investir dans une mine de fer en Corée du Nord. En 2007, l’usine de retraitement du minerai est terminée. 150 ingénieurs chinois, 500 ouvriers nord-coréens travaillent à la mine. Mais quatre ans plus tard, les choses se gâtent : les Chinois doivent quitter le pays !

« C’était à peu près en juin 201, nous confie un témoin, les employés chinois ont été chassés, ils nous ont dit que des gens étaient venus avec des fusils pour les expulser. La Corée du Nord a rompu unilatéralement son contrat, on a tout perdu ! »

30 millions d’euros investis, c’est l’un des plus gros fiascos sino-nord-coréen à ce jour. Le groupe Xiyang a tenté la médiation et les recours juridiques, en vain ! Le partenaire a modifié les termes du contrat : loyer, salaires, factures d’eau et d’électricité explosent. En mars dernier, les dix cadres chinois restés sur place sont expulsés à leur tour.

« C’est un pays de voyous, toutes les promesses sont orales, il n’y a rien d’écrit, poursuit ce cadre du groupe Xiyang. Aller travailler en Corée du Nord, c’est un peu comme entrer en prison. On n’a pas le droit de contacter les Nord-Coréens, on n’a pas le téléphone, la télé.. Psychologiquement c’est très dur ».

Un peu plus de 240 millions d’euros ont déjà été investis par une centaine d’entreprises chinoises en Corée du Nord, agroalimentaire, médecine, mines, électronique, industrie légère, chimie et textile. Le groupe Xiyang, lui, affirme avoir perdu 45 millions d’euros dans l’aventure.
 

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