Avec nos correspondants à Tokyo et Pékin, Frédéric Charles et Stéphane Lagarde
Entre les deux géants de l'Asie, la situation actuelle est délicate. L'escalade est déjà en cours. Tokyo a d'ailleurs convoqué l'ambassadeur de Chine au Japon. Pour rappel : l'Archipel japonais a arrêté ce mercredi quatorze militants pro-chinois venus de Hong Kong, pour entrée illégale sur les îles Senkaku (que la Chine appelle Diaoyu).
Ce groupe d'îlots est administré par le Japon, mais revendiqué par la Chine depuis la découverte d’hydrocarbures. Les activistes pro-chinois ont profité du jour anniversaire de la capitulation japonaise en 1945, le 15 août, pour débarquer sur l'un des îlots à partir d'un bateau de pêche.
Opinion publique à cran
Le Japon va sans doute les libérer, comme il avait libéré en 2010 le capitaine d’un chalutier chinois qui s'était attaqué frontalement à un navire des gardes-côtes japonais a proximité de ces îles. Mais Tokyo ne veut pas donner l’impression d’une piètre reculade sous les pressions de la Chine, comme en 2010.
Le gouvernement de centre-gauche avait alors d'abord réagi avec vigueur, entamant une épreuve de force (sans en avoir réellement les moyens politiques), avant de faire marche arrière, s'aliénant du coup les nationalistes.
En 2010, la Chine avait traité cette affaire avec brutalité, en prenant des mesures de rétorsion économique. Alors, en cédant une fois de plus, le gouvernement du Premier ministre Yoshihiko Noda risque de contrarier l'opinion publique japonaise, de plus en plus remontée contre le voisin chinois.
Stratégie territoriale
La tension autour des îles Senkaku n'a cessé d'augmenter ces dernières semaines, depuis que le gouvernement japonais a laissé entendre qu’il pourrait les nationaliser. Le problème, c'est est que le Japon refuse de reconnaître l’existence de questions territoriales avec la Chine. Il pourrait partager l'exploitation du pétrole et du gaz naturel mais ne le fait pas.
Côté chinois, ce conflit sur les îles Senkaku s’inscrit par ailleurs dans une stratégie plus large : il est question pour Pékin d'affirmer sa suprématie en mer de Chine du Sud, considérée comme une zone d’intérêt vital.
La Chine entend s’y tailler une liberté de mouvement, ce qui implique une remise en cause du statu quo territorial. Non seulement avec le Japon mais aussi avec le Vietnam, les Philippines et d'autres pays d'Asie du Sud-Est.