Pakistan : attaque meurtrière des talibans venus d’Afghanistan

Dans la nuit du 24 au 25 juin, une centaine de talibans, basés dans la province afghane du Kunar, dans le nord-ouest du pays, ont attaqué un poste frontière pakistanais. Treize soldats pakistanais ont été tués ou faits prisonniers ; sept d'entre eux ont été décapités. Les autorités pakistanaises affirment, de leur côté, avoir tué quatorze rebelles. L'attaque démontre la montée en puissance des talibans dans la région, deux ans avant le retrait total des troupes de la coalition d'Afghanistan. Les Pakistanais, en froid avec Kaboul et Washington, ne décolèrent pas.

Avec notre correspondante à Islamabad, Noémie Lehouelleur

Le Pakistan est furieux. Le ministère des Affaires étrangères a convoqué et sermonné un haut dignitaire de l'ambassade afghane. Il impute l'enlèvement et la mort des soldats pakistanais à un certain laxisme de la part des autorités afghanes et de l'Otan. Tous se renvoient la balle. Kaboul et Washington reprochent aussi à Islamabad un manque d'efficacité dans sa lutte anti-terroriste.

Chez les talibans en revanche, l'entente semble parfaite. Ils ont profité des premiers départs des troupes de la coalition pour renforcer leurs positions. L'attaque de dimanche n'est pas la première du genre mais elle démontre un degré de coopération entre factions talibanes rarement vu. Les insurgés pakistanais disent avoir fourni les informations nécessaires à l'attaque, laissant ensuite à la manœuvre leurs homologues, côté afghan.

L'attaque porte la signature du Maulana Fazlullah. Chassés par l'armée pakistanaise voici deux ans, ses fidèles et lui se sont réfugiés en Afghanistan. Leur porte-parole annonce d'autres opérations du même type. Ils exigent l'instauration de la charia au Pakistan.

Le général John Allen, commandant de la force de l'Otan en Afghanistan, est attendu à Islamabad le mercredi 27 juin. Les discussions porteront sur une meilleure coopération pour sécuriser la frontière entre les deux pays. Un ordre du jour prévu depuis plusieurs semaines déjà et qui tombe à point nommé.

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