France: le juge Trévidic établit un parallèle entre l'affaire Karachi et la mort du journaliste Daniel Pearl

Soupçonnés d'avoir commandité l'attentat de Karachi, qui avait fait 15 morts dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales en mai 2002, les services secrets pakistanais pourraient bien être aussi les vrais responsables de l'assassinat du journaliste américain Daniel Pearl, quelques mois plus tôt. Le juge d'instruction en charge du dossier français, Marc Trévidic, a recueilli aux Etats-Unis des éléments qui accréditent le lien entre des contrats d'armement et ces deux actions sanglantes, attribuées hâtivement à des groupes islamistes radicaux de la nébuleuse al-Qaïda. 

Et si les vraies raisons étaient financières ? C'est une hypothèse de plus en plus étayée dans l'attentat de Karachi où les 11 Français, venus honorer le contrat d'armement Agosta, une vente de sous-marins français au Pakistan conclue en 1994, ont vraisemblablement été victimes d'une affaire de gros sous.

Des commissions promises et autorisées mais aussi des rétro-commissions qui ont peut-être illégalement alimenté la campagne présidentielle française d'Edouard Balladur en 1995, des robinets d'argent fermés par Jacques Chirac, une fois élu : un tarissement qui aurait donc ulcéré les Pakistanais lésés.

Le juge Trévidic est de plus en plus convaincu que l'explication de la mort des salariés de la Direction des constructions navales réside là. D'où l'intérêt du magistrat pour l'assassinat du journaliste américain Daniel Pearl par des islamistes présumés, en janvier 2002.

En déplacement aux Etats-Unis en février dernier, le magistrat a fait interroger l'homme clé de l'enlèvement et de la décapitation du journaliste américain. Interné à Guantanamo, Cheikh Omar a reconnu avoir conditionné dans deux messages l'éventuelle libération du journaliste américain à un contrat militaire. Une livraison de F-16, gelée en 1990 par les Etats-Unis. Le lien explicite est confirmé par Washington.

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