Les propos de Kevin Rudd sonnent comme une déclaration de rupture : « La vérité, simplement, c'est que je ne peux pas continuer à exercer ma fonction si je n'ai pas le soutien du Premier ministre Gillard ».
Entre les deux leaders travaillistes, depuis deux ans tout est fragile, surtout leur relation. Un mariage de raison entre le Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères. Kevin Rudd, lui-même ancien Premier ministre, avait été brutalement évincé du leadership du parti par un coup politique de sa rivale à la mi 2010. Et la blessure n'a jamais cicatrisé.
En plus, le Parti travailliste n'a pas de majorité absolue à la Chambre de représentants où il gouverne grâce à des alliances. Il est en chute libre dans les sondages et doit se préparer à affronter des élections générales l'année prochaine.
Julia Gillard est évidemment elle aussi fragilisée par le spectacle de la pagaille que cette démission ne manque pas de provoquer. Elle qui se sent trahie, au moment où son parti traverse un moment difficile, se déclare « déçue » de l'attitude de Kevin Rudd et qu'il ne l'avait pas mis au courant avant de s'exprimer publiquement. Ce qui contraint la direction travailliste à agir, mais pour faire quoi au juste ?
Les analystes envisagent une convocation des instances du parti pour tester la légitimité de la direction, avant de prendre une décision.