Avec notre correspondante à Kaboul, Marie Normand
Lors de sa visite à Paris fin janvier, le président Hamid Karzaï avait promis de mieux contrôler le recrutement des soldats de l'armée afghane. Jusqu'ici, il manquait des mesures concrètes. La première a donc été annoncée samedi par le ministère de la Défense. Il demande aux recrues de ramener au pays les membres de leurs familles vivant au Pakistan.
Ce n'est pas une surprise : Kaboul accuse régulièrement Islamabad et ses services secrets de soutenir les talibans basés sur son sol. Alors l'objectif de cette mesure est d'éviter tout pouvoir de pression des insurgés sur les soldats par l'intermédiaire de leurs proches. Ces menaces sur les familles de militaires sont loin d'être rares si l'on en croit des officiers afghans récemment interrogés à Kaboul.
Mais cette annonce du ministère de la Défense est jugée trop tardive. Cette menace venue du Pakistan est réelle, estime le politologue afghan Haroun Mir, mais trop de soldats sont aujourd'hui concernés dans cette armée qui compte 184 000 hommes. Difficile donc pour les autorités de s'assurer que chacun obéira à cette nouvelle règle.
Une mesure de toute façon insuffisante affirme de son côté une source militaire étrangère. Elle souligne que l'influence des Taliban ne se réduit pas au Pakistan, mais qu'elle est aussi très importante dans plusieurs provinces afghanes, notamment dans le sud du pays.