L'entrée en vigueur de cette interdiction témoigne de l'inquiétude des autorités à l'égard de cette question. Officiellement, le président Emomali Rakhmon est au pouvoir depuis 1994 mais en réalité, il compte parmi ces anciens apparatchiks de l'ex-régime soviétique qui n'ont rien cédé depuis la disparition de l'URSS, à la fin de l'année 1991, et se sont maintenus (coûte que coûte) au sommet de l'Etat. Il en est notamment arrivé là, à la suite d'une longue guerre civile contre une coalition de démocrates et d'islamistes. La guerre n'a pris fin qu'en 1997 mais, dans un contexte de légitimité douteuse, la situation politique n'est pas stable.
La crainte de voir les mosquées devenir des «universités»
Emomali Rakhmon est donc logiquement le président d'un pouvoir fragile et menacé. Parmi les opposants les plus crédibles et les formations les mieux structurées, les islamistes comptent certainement parmi les plus solides. Et dans ce pays à 90% musulmans, qui partage près de 1 400 km de frontière avec l'Afghanistan, la crainte du pouvoir est donc de voir les mosquées se transformer en «universités».
Soucieux toutefois de ménager son opposition, Emomali Rakhmon a présenté au Parlement une loi visant à élargir le champ de l'amnistie à une nouvelle catégorie de prisonniers politiques, parmi lesquels d'anciens combattants islamistes de la guerre civile, dans la perspective du vingtième anniversaire, début septembre, de l'indépendance de la république.