En Inde, Baba Ramdev contre la corruption, jusqu’à la mort s'il le faut

Les dizaines de milliers de fidèles venus soutenir la grève de la faim illimitée de Swami Baba Ramdev, contre la corruption en Inde, ont été dispersés sans ménagement par la police et le gourou interpellé, ce dimanche 5 juin 2011. Une trentaine de personnes ont dû être hospitalisées suite aux blessures reçues lors de l’intervention des forces de l’ordre. Baba Ramdev, un célèbre maître yogi, a débuté une grève de la faim depuis le 4 juin. Il assure qu’il ne s’alimentera pas tant que la corruption durera en Inde ; il se dit prêt à aller « jusqu’à la mort ».

A peine quelques heures après que Baba Ramdev a entamé son jeûne illimité à New Delhi, la police a déboulé au milieu de ses partisans, en pleine nuit, pour évacuer ce rassemblement qui, selon le gouvernement, prenait de plus en plus les allures d’une fronde. Interpellé, le célèbre yogi, dont les enseignements sont suivis à la télévision indienne par des millions d’adeptes, avait décidé cette fois-ci de s’attaquer à la corruption en Inde, vaste programme s’il en est. Anti-homosexuel déclaré, Baba Ramdev assure guérir le cancer et le sida grâce au yoga et aux thérapies naturelles.

Malgré l’intervention de plusieurs ministres pour tenter, sans succès, de l’en dissuader, le gourou a commencé samedi sa grève de la faim, bien décidé à aller jusqu’au bout, « jusqu’à la mort » dit-il pour contraindre le gouvernement à satisfaire ses exigences afin d’endiguer la corruption. Plutôt radical, Baba Ramdev réclame ainsi le recours à la peine de mort notamment pour les membres du gouvernement coupables de corruption.

Interdit de séjour et expulsé

C’est à coups de grenades lacrymogènes que les fidèles de Baba Ramdev ont été éloignés pendant que le maître yogi était emmené à l’aéroport de Delhi sous le coup d’une interdiction de séjour de 15 jours. Les autorités reprochent à Baba Ramdev d’avoir transformé en réunion politique assortie de discours provocateurs ce qui devait être à l’origine une assemblée religieuse. Le chef de la police de Delhi reproche également à Ramdev d’avoir annoncé la présence de 5 000 adeptes alors qu’au total, affirme-t-il, ce sont 50 000 personnes qui se sont retrouvées sur le site de Ramlila Maidan.

Expulsé de New Delhi, Baba Ramdev a été acheminé sur un vol spécial, accompagné de deux policiers, à Dehradun, près de son ashram situé dans la ville sainte de Haridwar dans la province de l’Uttarakhand, au nord-est du pays. Les autorités locales assurent de leur côté qu'il est libre de ses mouvements.

Accueilli par ses adeptes sous une pluie de pétales de roses, le maître yogi a aussitôt déclaré vouloir poursuivre sa grève de la faim tout en accusant le gouvernement central de « l’avoir trahi et d’avoir voulu l’assassiner ». Il a également déclaré « journées noires » ce dimanche et demain lundi, à travers le pays, pour protester contre la « barbarie de la police ».

Interdiction des grosses coupures

« Mon jeûne n'est pas terminé et je vais continuer ma résistance civile », a déclaré le gourou devant son domicile et en présence de la presse. Il maintient donc ses exigences de peine de mort pour les ministres corrompus ainsi que l’interdiction des billets de 500 et de 1 000 roupies qui ne servent, selon Baba Ramdev, qu’à des transactions illégales. Il prône aussi l’interdiction des banques ayant des activités dans les paradis fiscaux.

L’action anticorruption de Ramdev fait les manchettes de la presse indienne et rencontre beaucoup d’écho dans la population choquée de découvrir semaine après semaine, des scandales de corruption dans lesquels le gouvernement indien patauge. Pris au hasard dans la liste des opérations en cause, une vente présumée frauduleuse de licences de téléphonie mobile qui aurait spolié le Trésor de quelque 40 milliards de dollars.

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