Projet de barrage controversé sur le fleuve Mékong

Les pays membres de la Commission de la région du Mékong (MRC) - la Thaïlande, le Laos, le Vietnam et le Cambodge - se rencontrent ce mardi 19 avril 2011 pour décider d'approuver ou de rejeter le projet de construction du barrage hydroélectrique laotien de Xayaburi, un projet estimé à 2,42 milliards d'euros. Le journal cambodgien Bangkok Post affirme que le Laos aurait déjà débuté les travaux, sans attendre l'accord des autres pays riverains.

C’est le dernier round pour les quatre pays impliqués dans le projet de construction du barrage très controversé de Xayaburi. Le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam, réunis au sein de la Commission du fleuve (MRC) un organisme consultatif créé en 1995, sont condamnés à s’entendre. En effet, selon un accord datant de la création de la MRC, le projet doit être approuvé par tous les pays signataires mais au final c'est au Laos que revient la décision de poursuivre ou d'abandonner le projet, ce que n'a pas manqué de souligner la presse officielle de Ventiane.

Hôte du sommet et bâtisseur du barrage, le Laos a tout intérêt à sa construction. Il bénéficie en cela de l’appui entier de la Thaïlande qui en achèterait 95% de la production à prix avantageux. Le Laos compte sur ces revenus, capables d'assurer son développement économique. Ce dernier, qui a construit plusieurs barrages sur le cours du Mékong, ne cache pas son ambition de devenir le plus grand fournisseur d'énergie de la région.

Etudes préalables insuffisantes

Quant au Vietnam et au Cambodge, ils s'opposent depuis le début à la construction du Xayaburi arguant du risque que fait courir un tel ouvrage aux écosystèmes du Mékong. Le fleuve est en effet une ressource essentielle d'alimentation pour leurs populations et les deux pays riverains craignent une diminution importante des réserves de poissons et des mouvements de sédiments servant d’engrais, autant d’éléments vitaux à des millions d’individus, notamment au Vietnam.

Ces craintes sont relayées et étayées par des ONG et des écologistes. Ainsi, pour WWF (Fonds mondial pour la nature) « ce qui en jeu n’est rien de moins que les moyens de subsistance de dizaines de millions d’individus dans la région » et de plus, ajoute WWF l'impact sur l'écosystème du Mékong n'a pas été analysé convenablement. Des experts indépendants ont d’ailleurs proposé un moratoire de 10 ans pour la construction de tout barrage sur le cours principal du fleuve Mékong en attendant des analyses plus poussées.

Mais l’idée de moratoire aurait du plomb dans l’aile si l'on en croit un article publié le 17 avril 2011 dans le Bangkok Post selon lequel le fameux barrage de Xayaburi serait déjà bien plus qu’un projet sur papier. Dans son article, le quotidien thaïlandais de langue anglaise, rapporte que le chantier serait déjà lancé par le gouvernement laotien et ce, depuis cinq mois, en collaboration avec une entreprise thaïlandaise.

La construction du Xayaburi, qui serait plus qu’un projet donc, est évaluée à près de 2,5 milliards d’euros pour un chantier d’une durée de huit ans. Long de 810 mètres et haut de 32, il s’agit du premier barrage à être proposé sur le courant principal inférieur du Mékong. En amont, quatre méga barrages sont déjà en exploitation dans la province du Yunnan, en Chine ; ils font partie d’une chaîne de huit barrages que les Chinois envisagent de construire. 

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