L’affaire Raymond Davis va-t-elle brouiller le Pakistan et les Etats-Unis?

Les relations entre le Pakistan et les Etats-Unis restent suspendues dans l’attente d’une solution à l’affaire Raymond Davis. Washington invoque l’immunité diplomatique pour obtenir la libération de ce ressortissant américain arrêté pour avoir tué deux pakistanais à Lahore à la fin du mois de janvier. Les autorités pakistanaises, pour l’heure s’en remettent à la justice de leur pays. Une prochaine comparution est prévue le 25 février prochain. En attendant, les Etats-Unis ont décidé de reporter la rencontre trilatérale qui devait avoir lieu les 23 et 24 février à Washington avec les responsables pakistanais et afghans.

Avec notre envoyée spéciale à Karachi, Sophie Malibeaux

« Les amis de l’Amérique sont des traitres ! Raymond Davis doit être pendu ! ». Les partis religieux n’ont pas tardé à s’emparer de l’affaire Davis pour affaiblir encore un peu plus le gouvernement élu du Pakistan. Ici à Karachi –où la dernière grande manifestation contre la modification de la loi sur le blasphème- a fait reculer le gouvernement, le Jamat e Islami mobilise ses troupes. Les propos du leader de ce parti fondamentaliste, dépassent largement le cadre de cette affaire.

« Le tribunal devrait pouvoir se pencher librement sur les faits, et rendre une décision conforme à la procédure, mais nous avons une très mauvaise expérience avec nos gouvernements et le gouvernement américain, qui n’a cessé de mettre la pression sur le gouvernement pakistanais, pour pouvoir attaquer le peuple pakistanais dans les zones tribales, en utilisant des drones », a déclaré Mohammad Hussein Mahanti.

Maintenant que la justice a pris les choses en main, sous la pression des religieux et de la rue, la marge de manœuvre du gouvernement se rétrécie. Le départ du ministre des Affaires étrangères ne fait que refléter le dilemme dans lequel se trouve le pouvoir Pakistanais. Shah Mehmoud Qureshi affirme désormais à qui veut l’entendre qu’à la date du double meurtre perpétré par Raymon Davis, celui-ci n’était pas déclaré comme diplomate auprès de son ministère. Son successeur se trouve ainsi confronté à une crise diplomatique sans précédent avec les Etats-Unis.

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