Journaliste, un métier dangereux dans certains pays

Ce constat n'est pas nouveau. L’enlèvement de nos deux confrères, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, il y a un an, en Afghanistan est l’illustration du danger que représente ce métier. Deux autres affaires, au Honduras et en Chine, le confirment également de façon dramatique.

Au Honduras, Henry Suazo a été tué par balles, mardi 28 décembre, par des inconnus. Il est le dixième journaliste assassiné dans le pays depuis le début de l'année. Le Comité des familles des détenus et des disparus dénonce l'insécurité dans laquelle vivent les journalistes honduriens et la population en général.

Et en Chine, un reporter a été battu à mort. Son décès a été annoncé par un de ses collègues de son journal, le Beijiang Chenbao, mardi 28 décembre. Ce confrère travaillait sur des sujets sensibles dans la région du Xinjiang.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

L’Agence Chine Nouvelle a d’abord rapporté la version de la police locale. Sun Hongjie aurait demandé à un ami d’aller prendre un verre. Il était 23 h ce vendredi 17 décembre. L’ami en question est arrivé avec cinq «gros bras» pour tabasser le journaliste qui se serait moqué de lui sur internet. Cette version n’a tenu que quelques jours. Laissé dans le coma, Sun Hongjie est mort des suites de ses blessures à l’hôpital. Déluge de courriels et de commentaires sur internet, les collègues du Beijiang Chenbao racontent que l’agression n’a pas eu lieu dans la rue mais sur un chantier de construction de la ville de Kuitun dans la région autonome ouighour.

Sun travaillait sur des sujets sensibles, les démolitions, les expulsions, la corruption... Depuis les Jeux olympiques, les journalistes en Chine ont le droit d’interviewer qui ils veulent et où ils veulent, pourvu que leur interlocuteur en soit d’accord. Cette règle n’est malheureusement pas du goût de tous et notamment en province.

Pollutions industrielles, permis de construire sans autorisation, mines illégales, les autorités et les entreprises locales n’hésitent pas à recourir à la mafia pour «sermonner» les confrères chinois qui mettent le nez d’un peu trop près dans leurs affaires. C’est ainsi que le 23 juillet dernier, un autre journaliste, Qiu Ziming découvre qu’il figure dans la liste des « personnes recherchées » par le bureau de la sécurité publique du Zhejiang. Là encore, déferlante de réactions sur internet. Le reporter du Beijing Economic Observer accusait une entreprise locale d’avoir essayé de le faire taire en voulant lui offrir un ordinateur portable.

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