Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Les records se bousculent et les Unes des journaux chinois prennent des allures de tableaux de bord. Le CRH380A, qui relie la capitale à Shanghai, va désormais aussi vite qu’un « avion à réaction à basse vitesse », assure le Quotidien du Peuple. 486,1 km/h ont été enregistrés vendredi dernier lors d’un essai sur une rame non modifiée de ce TGV fabriqué par le constructeur chinois CSR. Et la Chine ne compte pas s’arrêter là ! L’objectif affiché est désormais de battre les « 574,8 km/h atteint par un TGV français en avril 2007 », selon le China Daily.
Plus grand, plus vite… Autre annonce faite à l’occasion de ce 7ème congrès mondial de la grande vitesse ferroviaire qui se tient jusqu’à jeudi à Pékin, la Chine dispose désormais du plus long réseau de voies à grande vitesse au monde. 7 531 kilomètres de lignes TGV, chiffre qui devrait doubler d’ici 2012 et même atteindre les 16 000 kilomètres dans les dix ans à venir, selon le ministre du Chemin de fer chinois Liu Zhijun.
Pour le China Securities Journal, Pékin envisagerait ainsi d’investir jusqu’à 450 milliards d’euros dans l’expansion de son réseau entre 2011 et 2015. Après l’est et le centre du pays, le cap est désormais mis sur les provinces de l’ouest et les pays frontaliers. Sur les rails, la construction d’une ligne reliant le Yunnan à Ventiane, au Laos, dont la construction pourrait débuter à partir de 2012.
Dans les cartons également, un tracé de 1 920 kilomètres reliant Kunming à Rangoon ainsi qu’un projet de voies rapides entre le sud du pays et le Cambodge qui devraient encore stimuler l’appétit des constructeurs.
Les Chinois sont devenus des partenaires pour la conquête des marchés émergents et l’accord de coopération stratégique à long terme signé mardi entre le la compagnie française Alstom et le ministère chinois des Transports va dans ce sens. Un accord qui reste flou en termes de volumes mais qui permet de consolider l’implantation du groupe sur le marché local et d’imaginer, à terme, des offres conjointes dans les pays tiers.
La question du transfert de technologies est donc aujourd’hui dépassée à en croire les constructeurs qui, tous, se bousculent pour répondre à cette boulimie d’infrastructures. Matériel roulant, signalisation, la bataille du rail ne fait que commencer et s’étend à toute la région Asie, et même au-delà. Les historiques (l’allemand Siemens, le japonais Hitachi-Kawasaki, le français Alstom et le canadien Bombardier) savent désormais qu’ils doivent rivaliser avec le savoir-faire des constructeurs chinois souvent plus compétitifs en termes de prix. D’où les nombreux projets d’associations. Lors de sa visite en Chine en septembre dernier, le Gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger n’avait pas caché son enthousiasme pour les trains made in China. L’annonce avait fait l’effet d’une bombe chez les concurrents en septembre dernier, elle vient de se traduire par un contrat de joint venture entre CSR, le plus gros fabricant de TGV chinois et l’américain General Electric pour la fabrication de locomotives et de matériel roulant en Floride et en Californie.