Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Benigno Aquino s’est exprimé depuis New York et en des termes bien choisis. Mais cette prise de position est en soi déjà révolutionnaire : « Le gouvernement a l’obligation d’informer chaque personne de ses responsabilités et de ses choix en terme de contraception, dit-il. Et l’Etat pourrait aider ceux qui n’ont pas les moyens de le faire ».
L’information et le financement des contraceptifs artificiels sont justement les deux points les plus controversés de la proposition de loi sur la planification familiale. Celle-ci est débattue depuis plus de dix ans à l’Assemblée, et elle vise à réduire l’une des croissances démographiques les plus élevées et incontrôlée d’Asie du Sud-est.
Les Philippines comptent en effet près de 100 millions d’habitants. Seulement 35% des femmes sexuellement actives utilisent un moyen de contraception efficace et une grossesse sur deux n’est pas désirée. Cette loi est largement populaire auprès des Philippins dont le tiers est considéré comme pauvre. Mais le clergé catholique a toujours réussi à la contrer.
Le président Aquino prend donc des risques politiques importants. Mais sa popularité actuelle devrait, pour l’instant, le protéger des attaques du clergé.