Aux Philippines, Benigno Aquino veut financer la contraception des pauvres

Pour la première fois en trois mois de mandat, Benigno Aquino, le président des Philippines, s’est exprimé sur le sujet controversé de la planification familiale. Il se dit d’accord pour faire financer la contraception par l’Etat pour les plus pauvres. Une position qui va à l’encontre de celle du clergé catholique philippin, très influent dans cet archipel à 80% catholique et qui a toujours réussi à faire échouer cette réforme.  

Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis

Benigno Aquino s’est exprimé depuis New York et en des termes bien choisis. Mais cette prise de position est en soi déjà révolutionnaire : « Le gouvernement a l’obligation d’informer chaque personne de ses responsabilités et de ses choix en terme de contraception, dit-il. Et l’Etat pourrait aider ceux qui n’ont pas les moyens de le faire ».

L’information et le financement des contraceptifs artificiels sont justement les deux points les plus controversés de la proposition de loi sur la planification familiale. Celle-ci est débattue depuis plus de dix ans à l’Assemblée, et elle vise à réduire l’une des croissances démographiques les plus élevées et incontrôlée d’Asie du Sud-est.

Les Philippines comptent en effet près de 100 millions d’habitants. Seulement 35% des femmes sexuellement actives utilisent un moyen de contraception efficace et une grossesse sur deux n’est pas désirée. Cette loi est largement populaire auprès des Philippins dont le tiers est considéré comme pauvre. Mais le clergé catholique a toujours réussi à la contrer.

Le président Aquino prend donc des risques politiques importants. Mais sa popularité actuelle devrait, pour l’instant, le protéger des attaques du clergé.

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