Avec notre correspondant à Vienne, Blaise Gauquelin
Les voix de la diplomatie sont impénétrables et c’est par consensus que l’organisme chargé de stopper la prolifération nucléaire vient d’élire à la tête de son Conseil un pays, le Pakistan, qui s’est doté de la bombe atomique, qui est une puissance nucléaire, mais qui surtout refuse toujours de signer le TNP, le Traité de non-prolifération, et donc échappe encore à tout contrôle de la communauté internationale.
Certes, on peut être membre de l’AIEA et ne pas avoir signé ce traité essentiel et apparemment on peut même diriger les débats du Conseil des gouverneurs de cette agence tout en ayant abrité un réseau de trafic de technologie nucléaire. Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe pakistanaise est soupçonné en effet depuis 2004 d’avoir partagé son savoir avec l’Iran, la Libye et la Corée du Nord.
Aucun État membre ne s’est opposé à l’élection du Pakistan, présenté par un groupe de pays du Moyen-Orient et d’Asie. Des diplomates occidentaux se réjouissent même du coup de projecteur que la présidence tournante va porter sur le nucléaire pakistanais.
Si on en parle peu, le fait de voir en effet un jour les talibans ou al-Qaïda s’emparer de la bombe à Islamabad suscite autant de craintes que de voir l’Iran posséder à son tour la bombe atomique.