En Inde, les victimes de Bhopal dépitées après le jugement

Après le jugement rendu en Inde, le 7 juin 2010, qui a condamné des ex-cadres d'Union Carbide, 26 ans après, à deux ans de prison pour négligences à la suite de la catastrophe de Bhopal en 1984, la peine est estimée minime et scandaleuse pour les survivants et les organisations de défense des droits de l’homme. Le 3 décembre 1984, l'usine américaine de pesticides avait explosé. Le nuage de gaz ultra toxique qui s'en était échappé avait causé la mort instantanée de quelque 3 500 personnes.

Avec notre correspondant à Bombay, Mouhssine Ennaimi

Trop peu, trop tard, parodie de justice, justice reniée, le verdict de Bhopal suscite de vives réactions dans la presse indienne. Les télévisions locales ont, elles aussi, multiplié les critiques. De nombreux débats ont été diffusés avec, en toile de fond, l’idée que les victimes de Bhopal ont été bafouées et leurs vies bradées.

Un jugement considéré comme beaucoup trop clément par les familles des victimes rassemblées par centaines, devant la cour de justice, dès son annonce. En colère, les manifestants ont hurlé des slogans, crié leur rage, témoigné, souvent en larmes, des souffrances causées par le nuage toxique de 1984.

Pour les habitants de Bhopal, cette fuite de gaz meurtrière a été jugée comme une infraction au code de la route : quelques milliers d’euros d’amende, deux ans d’emprisonnement contre les responsables, le nom du directeur général d’Union Carbide étant même absent du verdict.

Les associations de défense des familles des victimes disent, elles, continuer à demander justice et déclarent qu’elles vont faire appel du jugement, d’autant plus que l’usine, aujourd’hui laissée à l’abandon, renferme toujours des produits toxiques et que les effets sur l’eau, l’environnement, les naissances se font encore sentir plus de vingt-cinq ans après.
 

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