Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
Ils disent tous les deux avoir été élus ce dimanche. Sauf que le premier, Juan Guaido, a été empêché de participer à la session dans l’hémicycle, au cours de laquelle Luis Parra, un opposant dissident, s’est proclamé président avec l’aide des députés pro-gouvernementaux, dans une chambre dominée par les anti-chavistes.
Ce mardi, trois scénarios sont possibles. Le premier, c'est que le cordon sécuritaire qui était en place dimanche soit levé, et que tous les députés puissent entrer dans l’hémicycle. C’est ce qu’a laissé entendre Luis Parra, en affirmant qu’il était prêt à accueillir son rival Juan Guaido pour débattre, comme tous les autres députés...
« Juan Guaido a toujours la possibilité de venir ici, comme n'importe quel autre des 167 députés que compte la chambre ; de prendre son siège et de dire ce qu'il pense être réellement pertinent », assure Luis Parra. En réalité, cela risquerait fortement de dégénérer, puisque les deux camps voudront récupérer le perchoir.
Malgré les événements de ce dimanche, Juan Guaido et « sa » majorité n’entendent rien lâcher. La proclamation de Luis Parra est un « coup d’État parlementaire », selon lui. Et de réaffirmer être le seul président légitime de l’Assemblée, même s’il n’a pas été élu dans l’hémicycle mais en dehors.
« Hier, le Parlement s’est installé. Ce qu’il s’est passé avant était une attaque cruelle en complicité avec la dictature, avec les organes répressifs de l’État. Et mardi, à 10h, comme d’habitude, nous siègerons dans le Parlement national », promet celui qui s'était autoproclamé président du Venezuela l'an passé.
Deuxième scénario : seule une partie des députés parvienne à entrer. Le chef de file des chavistes à l’Assemblée, Francisco Torrealba, a annoncé que tous étaient bienvenus tant qu’ils n’ont pas de dette envers la justice ou que leur immunité n’a pas été levée. L'argument qui a obligé des dizaines à rester dehors dimanche.
Le troisième scénario, le plus probable, c’est qu’aucun député de la majorité de la chambre, donc de l'opposition au régime de Nicolas Maduro, n’entre dans l'enceinte par solidarité pour ceux qui resteront bloqués dehors. Cela mettra tout le monde dans une position délicate, Juan Guaido y compris.
Celui qui a appelé la population à l'accompagner ce mardi pour faire pression deviendrait alors un président sans hémicycle. Son rival ne serait pas en reste : sans Juan Guaido et les députés de la majorité, il risque de ne pas pouvoir ouvrir la séance faute de quorum suffisant, sauf à s’affranchir des règles du Parlement.