Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
« Trump devrait être destitué », c’est le titre de l’éditorial de Christianity Today. Un lâchage en règle du président de la part d’un journal évangélique influent, fondé en 1956 par le très respecté pasteur Billy Graham, et dont le site internet est visité par 4,3 millions de lecteurs chaque mois.
« Notre approche habituelle n’est pas de parler politique », explique l’éditorialiste, « mais les faits sont sans ambiguïté : le président a abusé de son pouvoir politique à des fins personnelles. » Le magazine rappelle que les évangéliques soutiennent Donald Trump en raison de la nomination de nombreux juges conservateurs et de ses positions pour défendre les libertés religieuses, mais il assène :
« Aucun des aspects positifs de la présidence ne fait le poids face au danger moral et politique qui nous menace avec un dirigeant doté d’un caractère si grossièrement immoral. » Et il conclut, cinglant : « Nous pensons que la destitution de Donald Trump est une question de loyauté au créateur des dix commandements. »
Trump passablement énervé
Les évangéliques forment un quart de l’électorat américain. Même ébranlés par certaines décisions du président, comme la séparation des familles de migrants, ils restent pour l’instant massivement derrière lui et son vice-président, Mike Pence.
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Cet électorat est crucial pour le président qui n’a pas franchement apprécié le ton de l’éditorial et a riposté ce vendredi matin sur Twitter. Il a qualifié le journal évangéliste de « magazine d’extrême gauche ou très progressiste ». Donald Trump ajoute « Christianity Today préférerait avoir un président de la gauche radicale, qui veut se débarrasser de vos armes et de la religion. Personne n’a fait plus que moi pour la communauté évangélique ».
Le ton de ces tweets révèle l’inquiétude du président après la publication de cet éditorial sévère. Dans cet article, le rédacteur en chef interpelle un lectorat largement acquis à Donald Trump. « Rappelez-vous qui vous êtes et qui vous servez » écrit-il, avant d’interroger « Si vous ne changez pas d’avis maintenant, qui prendra au sérieux ce que nous disons sur la justice et la droiture au cours des décennies à venir ? »
Le fils de Billy Graham, un proche de Donald Trump, a estimé que son père défunt aurait été embarrassé par le ton de cet article. Et pense qu’il n’aura aucun impact sur l’opinion des évangéliques au sujet du président. Mais cet éditorial pourrait fragmenter un électorat déjà gêné aux entournures par la politique de la Maison Blanche en matière d’immigration.