Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Donald Trump a tenté de mettre à mal le témoignage de David Holmes qui assure avoir entendu la voix du président à travers le téléphone portable d’un témoin clé, Gordon Sondland. « Je n’ai jamais réussi à entendre une conversation qui ne soit pas retransmise sur haut-parleur, essayez de le faire ! » écrit le président.
Mais à l’audience David Holmes a été convaincant : il a mimé Gordon Sondland en train d’écarter le combiné de son oreille tellement Donald Trump parlait fort à l’autre bout de la ligne. « J’ai bien entendu la voix reconnaissable du président qui demandait des nouvelles de l’enquête », a assuré le diplomate.
Plus généralement, les deux témoins entendus ce matin ont raconté les préoccupations des diplomates devant les activités de Rudolf Giuliani en Ukraine, qui, ont-ils déclaré, « nuisaient aux objectifs de la politique américaine ».
Fiona Hill dénonce une « fiction » russe utilisée par Trump
Fiona Hill a vivement dénoncé l’entêtement de l’avocat personnel du président à vouloir obtenir une enquête sur de supposées interférences ukrainiennes dans le scrutin de 2016. « Cette fiction est dommageable, même si elle servait uniquement des intérêts politiques », a-t-elle déclaré avant d’ajouter à l’adresse des élus républicains : « Je refuse de participer à un effort qui légitime une narration alternative, selon laquelle l’Ukraine et non la Russie nous a attaqués en 2016 ». La diplomate a enfin cité John Bolton : « Giuliani est une grenade dégoupillée qui va exploser à la figure de tout le monde » lui a confié l’ex-conseiller national à la sécurité. Et Fiona Hills a commenté : « Je pense que c’est justement ce qui est en train d’arriver ».
Des faits «bien plus graves» que ceux reprochés à Nixon, selon Adam Schiff
L'élu démocrate Adam Schiff, qui supervise l'enquête en destitution contre Donald Trump, a estimé ce jeudi que les faits reprochés au président étaient « bien plus graves » que ceux commis par l'ancien président Richard Nixon, obligé de démissionner pour éviter une destitution en 1974, dans le cadre du scandale du Watergate. « Ce que nous avons ici est bien plus grave qu'un cambriolage de troisième rang d'un QG de campagne démocrate, nous parlons (...) du gel d'une aide militaire à un allié en guerre: cela va bien au-delà de ce que Nixon a fait », a lancé Adam Schiff en clôturant une série d'auditions au Congrès.