Dans toutes les grandes villes de Colombie, des manifestations sont prévues contre le gouvernement jeudi.
Ce dernier est sur les dents. Les syndicats, les étudiants, les partis d’opposition, les Indiens et même l’Église catholique appuient la grève, nous rapporte notre correspondante à Bogota, Marie-Ève Detoeuf.
Les revendications sont multiples. Certains vont manifester contre la politique économique et sociale du gouvernement, et notamment contre un projet de réforme du droit du travail et des retraites.
D'autres vont défendre l’accord de paix signé avec la guérilla, et protester contre les assassinats ciblés qui se multiplient dans les zones rurales.
Le gouvernement accuse à l’avance la manifestation d’être infiltrée par des étrangers. Il a sorti les grands moyens ; les frontières ont été fermées, une vingtaine de ressortissants vénézuéliens ont été expulsés du pays.
L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. À Bogota, des médias alternatifs ont fait l’objet de perquisitions préventives. Tollé chez les défenseurs de la liberté de presse.
La question est de savoir si toutes ces mesures, qui cherchent à faire peur, vont dissuader les citoyens de sortir manifester. Ou si, au contraire, elles sont de nature à les pousser dans la rue.
« On n'a jamais vu une telle convergence contre un gouvernement »
Selon Yann Basset, docteur en sciences politiques et professeur à l'Université du Rosario, à Bogota, où il réside, « une telle convergence de mécontentements contre un gouvernement » est du « jamais vu ». Pour lui, cette « carte de la peur » jouée par le gouvernement d’Ivan Duque, « a été contre-productive » et a « tendu » encore plus le climat social et politique.
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