Marée noire destructrice sur les côtes du Brésil, l'ONU propose son aide

Des centaines de kilomètres de côtes sont souillées depuis deux mois par des tâches de pétrole dont l'origine est encore inconnue. L'impact écologique, économique et sanitaire se fait déjà ressentir pour les habitants ainsi que pour la faune et la flore de cette région. Reportage à Boipeba.

Avec notre envoyée spécialeà Boibeba,  Sarah Cozzolino

À Boipeba, au large de la baie de Salvador de Bahia, la population de la petite île est livrée à elle-même pour nettoyer les plages.

Ce n’est pas la nuit qui arrête les bénévoles mais la marée montante. Récolter les galettes de pétrole sur le sable fin est un vrai travail de fourmi. Le visage gonflé et les yeux rouges, João Arantes est épuisé. « Je me sens complètement impuissant. Et c’est angoissant parce qu’on avait réussi à nettoyer la plage et là elle est de nouveau complètement sale… C’est très frustrant. »

Une grande partie des habitants de l’île de Boipeba, qui a tout quitté pour s’installer dans ce coin de paradis, ne recule devant rien pour le préserver. En l’absence d’aide de l’État, les bénévoles ont organisé une cagnotte pour acheter des équipements de protection comme des gants, des masques ou des bottes.

La pire catastrophe écologique

« Il n’y a pas une personne qui n’a pas mal à la tête, qui n’a pas de problèmes aux yeux ou au nez, qui ne sent pas le goût du pétrole toute la journée. Mais aucune ne dira que c’est un problème », constate Felipe Baxter qui coordonne les volontaires.

Le gouvernement brésilien n’a pour l’instant pas identifié l’origine de cette marée noire. Un silence coupable, selon Nilton Freitas, qui habite l’île depuis dix ans. « On ne sait pas la quantité qui peut arriver, les stratégies qu’on doit utiliser… On est dans l’ignorance la plus totale. La seule chose que je sais, c’est que ça mettra des années à se réparer. »

Les coraux, la mangrove et les espèces protégées comme certaines tortues sont déjà touchées par la marée noire, considérée comme la pire catastrophe écologique du littoral brésilien.

L'ONU a manifesté mardi sa « profonde inquiétude » face à la mystérieuse marée noire qui touche le nord-est du Brésil depuis deux mois et a proposé son aide aux autorités locales. « Les Nations unies au Brésil expriment leur profonde inquiétude face au pétrole (qui touche) le littoral de neuf États du nord-est depuis le mois d'août, et regrette les dégâts incalculables pour les écosystèmes marins et terrestres, ainsi que dans la vie des populations locales », a déclaré l'antenne brésilienne de l'ONU dans un communiqué le 29 octobre.

L'organisation internationale rappelle que la marée noire a déjà touché « près d'un quart » des 7000 km de littoral atlantique du Brésil, « avec de graves conséquences pour l'environnement et la sécurité des populations ».

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