Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
D’après tous les sondages, le péroniste Alberto Fernandez devrait être élu dès ce premier tour. Selon la loi électorale argentine, il lui suffit pour cela d’obtenir 45% des suffrages, moins encore qu’aux primaires du mois d’août, où il s’est imposé avec plus de 47% des voix.
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Mais compte tenu des difficultés qui attendent le président qui prendra ses fonctions le 10 décembre, une victoire étriquée pourrait être dangereuse pour lui. En revanche, s’il dépassait largement les 50%, Alberto Fernandez recevrait un mandat clair des électeurs pour faire face à la récession, combattre l’inflation et renégocier la dette.
De son côté, le libéral Mauricio Macri, qui a fait une campagne très dynamique, espère dépasser son score aux primaires. Si malgré la crise économique, le président sortant s’installait au-dessus des 35 % des voix, il pourrait consolider un bloc d’opposition au futur gouvernement péroniste. D’autant que lui auront manquées les voix de deux candidats de droite et un centriste qui ne se sont pas désistés.
Ramener la stabilité économique
Le vainqueur de l’élection devra en tout cas gérer une situation économique très difficile. « L’urgence c’est la stabilité financière. Que va-t-il se passer avec le dollar. Est-ce que la course des Argentins pour se protéger des dévaluations va se calmer ? Et est-ce qu’ils vont arrêter de retirer leur argent des banques ? », questionne Marcos Cohen Arazi, un économiste de l’Institut d’études sur la réalité de l’Argentine et l’Amérique latine (IERAL).
« Le plus urgent c’est de freiner les opérations de change et d’éviter la ruée sur les banques, et ça c’est lié à la dette. Il faut une stratégie claire expliquant comment on va financer le déséquilibre budgétaire à l’avenir, poursuit-il. Les candidats ont des stratégies différentes, mais le plus important à prendre en compte, c’est qu’aucun ne pourra résoudre le problème tout seul. En fait, il aurait fallu un accord sur ces sujets, pour que peu importe qui soit le vainqueur, l’opposant collabore pour que l’Argentine parvienne à une stabilité financière et économique ».
A priori exclue, l’hypothèse d’un second tour, si Fernandez n’atteignait pas les 45%, changerait complètement la donne.