Le président chilien Piñera tente l'apaisement après de nouvelles mobilisations

Le président Sebastian Piñera a annoncé, lundi 21 octobre, qu’il va dialoguer avec l’opposition et chercher à adopter un « accord social » pour répondre aux problèmes des Chiliens. Cette déclaration intervient lundi soir alors que le bilan des violences atteint maintenant 15 morts.

Avec notre envoyée spéciale à Santiago,  Aude Villiers-Moriamé

Quelques minutes après l’entrée en vigueur du couvre-feu, mis en place pour la troisième nuit consécutive à Santiago, Sebastian Piñera a reconnu qu’il avait eu des mots durs, ce week-end, lorsqu’il avait déclaré « nous sommes en guerre contre un ennemi puissant ».

« Nous ne sommes pas en guerre »

Ces propos sont très mal passés auprès des Chiliens comme Camila, lycéenne de 18 ans : « Nous ne sommes pas en guerre. Il n’est pas bête, Pinera. Je crois que sa stratégie, c’est de nous retourner les uns contre les autres. Le gouvernement n’utilise plus le mot manifestant. Il parle de délinquants, de vandales. C’est une stratégie pour diviser tout ce mouvement, mais il n’y arrivera pas. »

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Lundi 22 octobre, les Chiliens ont de nouveau manifesté en masse dans l’ensemble de manière pacifique. Des milliers de personnes étaient rassemblées sur la place Italia, dans le centre de Santiago, lundi après-midi. Certains manifestants tenaient des pancartes : « Nous ne sommes pas en guerre » et appelaient le gouvernement à prendre des mesures concrètes contre les inégalités sociales dans le pays.

Yolanda Balestrelo, une retraitée présente à la place Italia, exprime son ras-le-bol face à la situation du pays : « Le gouvernement n’a pas su répondre aux demandes du peuple qui réclame moins d’inégalités sociales, une meilleure santé publique, une meilleure éducation. Ici, tout est privatisé. Les salaires sont très bas, 70% des Chiliens gagnent moins de 700 dollars. »

De son côté, Francisca Miranda, anthropologue sociale et consultante des Nations unies au Chili, considère que la société est profondément divisée : « Ces divisions sont le résultat d’un antagonisme social qui existe au Chili, créé par une société qui est vraiment très stratifiée, où il n’y a pas beaucoup de mixité sociale. »

Des réformes évoquées

Lundi 21 octobre au soir, Sebastian Piñera a donc annoncé qu’il allait adopter une série de réformes pour améliorer la vie des Chiliens. Il a par exemple mentionné la baisse du prix des médicaments, sans donner plus de précisions.

Le président a aussi annoncé des réunions avec les représentants de l’opposition dans les prochains jours. Des annonces qui ne semblent pas avoir apaisé le mouvement social, alors que le bilan des violences grimpe à 15 morts. Ce mardi 22 octobre, de nouvelles mobilisations sont prévues dans la capitale chilienne.

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