Confronté à la pire crise de son mandat, Lenin Moreno, élu en 2017, a annoncé sur Twitter l'entrée en vigueur à 15h00 (20h00 TU) d’un couvre-feu à Quito et ses alentours, où il a également ordonné la mise en place d'un contrôle militaire. Le chef de l’État avait déjà transféré, lundi, le siège du gouvernement à Guayaquil (sud-ouest), tandis que l'état d'urgence avait été décrété pour 60 jours et que 74 000 militaires et policiers avaient été déployés.
« Après un processus de consultation avec les communautés, organisations, peuples, nationalités et organisations sociales, nous avons décidé de participer au dialogue direct » avec Lenin Moreno, a déclaré samedi dans un communiqué, avant l'établissement du couvre-feu à Quito, la Confédération des nationalités indigènes de l'Equateur (Conaie).
Scènes de guerre à Quito
C'est que Quito a vécu une journée de tensions sans précédent, rapporte notre correspondant Eric Samson. De violents affrontements ont eu lieu dans la capitale, entre manifestants jetant des pierres et tirant des fusées artisanales et forces de l'ordre répliquant avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Des manifestants encagoulés ont en outre mis le feu au bureau de l'Inspection générale des Finances, dans le nord de Quito. Le bâtiment a été attaqué à l'aide de cocktails Molotov et, peu après, un groupe d'hommes, la plupart avec le visage masqué ou portant des casques, y est entré, le saccageant. Les locaux d'une télévision et d'un journal ont aussi été attaqués. La Conaie a dénié toute responsabilité dans ces attaques.
Les indigènes acceptent le dialogue
Vendredi, dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat avait appelé les dirigeants indigènes, fer de lance de la contestation, à « dialoguer directement » afin de « trouver des solutions » à la crise déclenchée par son annonce de réformes, en contrepartie d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 4,2 milliards de dollars.
La Conaie a d'abord dit non, estimant que cette offre de dialogue « manquait de crédibilité ». Elle a ajouté qu'elle ne négocierait qu'une fois « abrogé » le décret supprimant les subventions sur le carburant, la mesure la plus controversée. L'organisation accepte désormais une rencontre avec le président pour discuter du « retrait ou la révision du décret », après plus d'une semaine de manifestations qui ont fait cinq morts et 2 000 blessés. On a finalement appris dans la nuit que la première réunion se tiendrait ce dimanche à Quito. La réunion a été annoncée dans un communiqué commun des Nations unies et de l'église catholique sur Twitter.
et avec agences