Avec notre correspondante à Haïti, Amélie Baron
Cela fait presque un mois que les activités sont paralysées en Haïti, avec une longue pénurie de carburants qui a précédé cette montée de la contestation contre le chef de l'État.
À la mi-journée, c’est une marée humaine qui s’est dirigée vers la principale base de l’ONU en Haïti. Cette destination de manifestation n’est pas un hasard : depuis le début de la semaine, les principaux diplomates étrangers rassemblés au sein du Core Group ont entamé une série de rencontres avec les acteurs politiques. Pour les manifestants, c’est perçu comme une ingérence inacceptable dans les affaires nationales.
La colère vis-à-vis du Core Group
« Quand il y a des "gilets jaunes" qui manifestent en France, est-ce que le Core Group va leur parler ? Non ! Nous, les Haïtiens, nous demandons au Core Group de cesser de faire des complots. Qu'il aille voir en France ce qui se passe : il y a des casses, les manifestations des "gilets jaunes" », explique un manifestant.
Pour lui, leurs revendications sont les mêmes : « Nous réclamons une vie meilleure, une vie où les pauvres peuvent manger. Mais laissez aussi les Haïtiens gérer leurs affaires ! »
Des affrontements violents ont éclaté entre manifestants et policiers aux abords de la base de l’ONU, jusqu’à ce que, dépassées par la foule, les forces de l’ordre laissent passer le cortège, aussitôt gagné par une ambiance joyeuse, quasiment carnavalesque, mais aux slogans toujours clairement contre le président Jovenel Moïse.