Avec notre correspondante à La Havane, Domitille Piron
Le producteur de cinéma devient officiellement travailleur du secteur privé à Cuba. Le débat autour des indépendants aura duré plus d’une décennie et aboutit aujourd’hui à un statut légal. Un registre officiel des professionnels indépendants a été créé, il sera possible d’ouvrir un compte bancaire pour un film et les cinéastes pourront avoir accès à un fonds de soutien du cinéma cubain.
Le célèbre acteur de Fraise et chocolat, Jorge Perugorría, qui a joué autant de films officiels qu’indépendants, se réjouit de cette nouvelle mesure : « Le cinéma indépendant à Cuba était un fait, une réalité, mais il n’entrait pas dans un cadre légal et juridique, tout le monde faisait des films en dehors de la loi. Donc c’est une première étape pour rendre légale, ce qui se faisait depuis des années. Mais il y a toujours eu une complicité d’une manière ou d’une autre avec l’institution, notamment pour ce qui était des autorisations de tournage. Tu pouvais faire ton film, mais rien ne te garantissait de pouvoir le diffuser. »
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La diffusion des films reste sous contrôle de l’État à travers l’ICAIC, Institut cubain de l’art et l’industrie cinématographique. Alors, pour certains, comme la productrice Claudia Calviño, ce décret ne résout pas une question fondamentale : « C’est un autre débat qu’il faut ouvrir sur la liberté de création et l’expression libre de l’art et peut être même au-delà ! » Le décret est considéré de fait comme le préambule d’une nouvelle loi sur le cinéma à Cuba.